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KOSSUTH LAJOS (1802-1894)

Homme d'État hongrois qui a joué un rôle de tout premier plan au cours de la révolution de 1848. Lajos Kossuth appartient à la petite noblesse protestante et sa famille est d'origine slovaque. Après des études à Sarospatak et à Pesth, il entreprend une carrière d'avocat. Député aux Diètes de 1825-1827 et de 1832-1836, il développe l'agitation libérale avec sa gazette parlementaire. Arrêté en 1837, il ne sera libéré que sur l'insistance de la Diète en 1840. En 1841 il prend la direction du journal libéral Pesti Hirlap (La Gazette de Pesth) et s'impose bientôt comme le chef de l'aile gauche du parti libéral ; il attaque violemment l'Autriche, rompt avec Szechenyi, trop modéré. Le but de Kossuth est d'obtenir l'indépendance politique et économique de la Hongrie. Élu à la Diète de 1847 comme député de Pesth, il devient aussitôt le chef des radicaux, et son éloquence passionnée accroît son influence. Dès le 3 mars 1848 il réclame pour la Hongrie un gouvernement parlementaire, et une constitution pour l'Autriche. Batthyani, en formant le premier cabinet hongrois lui offre le ministère des Finances. En juillet 1848 c'est lui qui crée l'armée nationale (honved) pour lutter contre les troupes de Jelačić. En septembre 1848 il devient président du Comité de défense nationale et pratiquement remplace Batthyany à la tête du gouvernement hongrois ; il sera en fait le chef de la Hongrie indépendante. Mais, devant l'attitude hostile de l'Autriche et du nouvel empereur François-Joseph, il se retire à Debrecen ; au printemps de 1849 l'armée hongroise triomphe : Kossuth proclame l'indépendance de la Hongrie et la déchéance des Habsbourg. Très critiqué par les classes dirigeantes (clergé catholique et grands propriétaires fonciers), détesté par les minorités, il croit sauver son œuvre en confiant le pouvoir au général Görgey, qui capitulera en août 1849 à Világos devant la triple offensive des Autrichiens, des Russes et des Croates de Jelačić (auxquels Kossuth et les radicaux refusent l'autonomie). Kossuth se retire en Turquie, où il est simplement interné. En 1851 il débarque en Angleterre, où il reçoit un accueil triomphal. Il n'abandonne pas le combat politique malgré des querelles à l'intérieur de l'émigration. En 1859 il entre en relation avec Napoléon III, quitte la Grande-Bretagne pour l'Italie, organise une légion et prépare le soulèvement de sa patrie. L'armistice de Villafranca ruine ses espoirs. Il refuse de se réconcilier avec le gouvernement autrichien et condamne le compromis de 1867. Élu à l'Assemblée nationale, il refuse d'y siéger, mais son intransigeance entraîne la création d'un Parti de l'indépendance. En 1879, une loi le prive de la nationalité hongroise ; il meurt en exil, à Turin, après avoir sérieusement modifié son point de vue dans la question des nationalités et souhaité la création d'une fédération danubienne. Il est enterré à Pesth et les Hongrois le considèrent comme l'un des héros de leur histoire nationale.

— Jean BÉRENGER

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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  • HONGRIE

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    ...lorsque le poète Sándor Petőfi invita ses compatriotes à se dresser contre l'Ancien Régime, il trouva un public enthousiaste parmi la jeunesse de Pest. Très vite les réformateurs de la génération précédente furent débordés par les radicaux de Lajos Kossuth. En octobre 1848, le gouvernement hongrois...