LAMPROPHYRES
Le pétrographe allemand C. W. von Gümbel, en 1879, trouva à côté de dolérites des roches brillantes, riches en mica, à structure variable, en filons étroits et longs. Pour désigner ces roches brillantes, il proposa le terme lamprophyre (du grec lampros, brillant).
Les lamprophyres sont des roches filoniennes, caractérisées par la présence, dans une pâte (mésostase) microgrenue ou aphanitique, de phénocristaux de minéraux ferro-magnésiens hydroxylés (biotite ou amphibole brune qui représente jusqu'à 25 p. 100 du volume de la roche) qu'accompagnent toujours de grands cristaux d'olivine altérée et, souvent, du clinopyroxène. La mésostase est faite, suivant les variétés, de plagioclase ou de feldspath alcalin, ou d'analcime et de verre avec des minéraux ferro-magnésiens hydroxylés.
Cette définition recouvre des compositions extrêmement diverses, qui vont de celles de granites basiques à celles de basaltes alcalins et même, pour des variétés plus exceptionnelles, jusqu'à celles de roches ultrabasiques (alnoïtes et bergalites par exemple). Le groupe des lamprophyres rassemble donc des roches qui ont des caractères communs mais qui, replacées dans une classification des roches éruptives, représentent en fait un spectre complet de compositions. Ces caractères communs concernent une certaine expression minéralogique et les conditions de gisement qui en sont la cause.
Les lamprophyres forment des filons étroits, de quelques centimètres à une dizaine de mètres pour les plus larges. Ils montrent toujours, au contact de la roche encaissante, une zone à structure extrêmement fine dans laquelle on distingue des phénocristaux dans une mésostase crypto-cristalline : cette zone figée indique que, lors de leur mise en place, ces roches étaient faites d'un mélange de cristaux et de liquide, autrement dit étaient dans l'état d'une lave. Vers le centre du filon, la structure reste le plus souvent à deux temps de cristallisation, avec des phénocristaux bien nets, dans une pâte plus fine.
Les lamprophyres recoupent des terrains sédimentaires, métamorphiques, ou des massifs de roches magmatiques. Il existe une tendance remarquable, pour certains types de lamprophyres, à se trouver associés à des roches plutoniques d'une certaine nature. De ce fait, malgré de nombreuses exceptions, est née la théorie selon laquelle chaque ensemble plutonique est suivi, dans le temps, par un cortège de roches filoniennes qui comprend des lamprophyres d'un type particulier : c'est ainsi que les monchiquites sont les lamprophyres qui accompagnent les syénites néphéliniques, et que les minettes sont les lamprophyres « granitiques ». Cette relation est suffisamment nette pour avoir des implications génétiques certaines.
Certains lamprophyres se retrouvent dans des associations volcaniques typiques : on connaît (en Espagne du Sud, au Nouveau-Mexique aux États-Unis) des necks volcaniques récents à composition de minette ; on connaît également de nombreuses monchiquites et camptonites filoniennes dans des complexes volcaniques où elles peuvent accompagner des basaltes alcalins et leurs produits de différenciation.
Les filons de lamprophyres sont parfois associés à des gisements métallifères exploitables (uranium du Limousin ; plomb argentifère de l'Idaho, aux États-Unis), mais cette association n'est que spatiale, et fortuite, les métallisations s'étant mises en place le long de fractures préexistantes qui avaient déjà guidé la montée du magma lamprophyrique.
Les minettes comportent des phénocristaux d'olivine (altérée en talc ou en montmorillonites, parfois remplacée par du quartz), de phlogopite zonée (mica noir), parfois de diopside, dans une pâte faite de feldspath alcalin potassique, biotite magnésienne et quartz.
Les kersantites sont des roches à phénocristaux de biotite magnésienne (éventuellement[...]
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Écrit par
- D. VELDE : docteur ès sciences, maître assistant à la faculté des sciences de Paris
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