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LANGAGE (FONCTIONS DU)

L'approche cognitive

Mais c'est surtout dans le cadre des approches cognitives du langage que la dimension représentationnelle du langage a trouvé ses défenseurs les plus ardents. En linguistique, comme en philosophie et en psychologie, la question des liens entre le langage et la pensée a en effet resurgi à la faveur du développement des sciences cognitives. Pour les tenants du paradigme classique du cognitivisme, le langage a pour fonction de permettre l'expression de la pensée et, ce faisant, la transmission d'informations à propos du monde. Dans cette approche, le langage et la pensée sont conçus comme distincts et indépendants : la pensée, qui siégerait dans un système « central » de l'esprit-cerveau, serait communicable indépendamment du moyen de transmission – et donc du langage, qui lui-même constituerait un module « périphérique » de simple entrée et sortie d'informations, au même titre que les modules de perception, ou d'action motrice. Telle est la position de Noam Chomsky, qui s'inscrit dans le cadre de ce que l'on appelle le « paradigme computo-représentationnel » : la pensée et son expression par le langage fonctionneraient comme un calcul procédant sur des symboles dont la réalité serait à la fois physique (ils seraient « inscrits » dans le cerveau) et sémantique (ils « représenteraient » le monde objectif).

La thèse de l'indépendance de la pensée vis-à-vis de la langue a été radicalement contestée par les opposants à ce « modularisme » chomskien. S'il semble difficile de soutenir, comme le font les plus engagés des « interactionnistes », que le langage serait la condition nécessaire requise pour l'exercice de la pensée, il paraît en revanche justifié d'affirmer, comme le psycholinguiste Dan Slobin, qu'il existe une forme spécifiquement humaine de pensée construite à travers le langage.

Par ailleurs, au sein même de la linguistique cognitive, la conception représentationnelle du langage, telle que la défend l'approche cognitiviste classique, a fait l'objet de critiques aussi bien de la part les acteurs du courant « des grammaires cognitives » (George Lakoff, Ronald Langacker) que des « néo-fonctionnalistes » (Talmy Givón, Bernd Heine). Pour ces linguistes, le langage n'a pas pour fonction de traiter ou de réfléchir des informations préexistantes, mais de faire émerger dynamiquement des significations. Dans cette perspective, la fonction représentationnelle du langage est subordonnée à sa fonction communicative : loin d'être un pur reflet passif, la représentation est en effet définie comme une construction active de la part des protagonistes de l'acte de communication, construction rendue possible par des principes inscrits dans la langue elle-même.

— Catherine FUCHS

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