LANGRES
Située sur une hauteur près de la Marne, dans le département de la Haute-Marne, la ville de Langres fut d'abord, sous le nom d'Andomatunum, le chef-lieu du pays des Lingons ; elle en garde un arc de triomphe qui fut incorporé dans l'enceinte édifiée vers le ive siècle autour de la ville haute. Cette enceinte, plusieurs fois agrandie pour englober de nouveaux quartiers, ne put sauver la ville des Barbares qui auraient mis à mort l'évêque saint Didier. Du ve au ixe siècle, les évêques l'abandonnent.
Redevenue la résidence épiscopale, la ville est donnée par le roi à l'évêque ; dans sa cathédrale, dédiée à saint Mammès, est couronné en 888 le roi Guy de Spolète. Mais, dès 894, Langres passe sous la domination du duc de Bourgogne, auquel Louis IV l'enlève en 936. En 967, Lothaire cède à l'évêque les droits comtaux dans la ville, le comte ne gouvernant plus que le plat pays ; en 1179, l'évêque Manassès rachète le comté qui, érigé en duché au xive siècle, valut à ses successeurs d'être pairs de France. Le roi, présenté par le bailli de Sens, en était le gardien.
Les franchises de la ville remontent à 1168, mais elle n'obtint un maire et quatre échevins qu'en 1850. Ayant adhéré au parti de Jean sans Peur en 1417, elle rentra sous l'obédience de Charles VII en 1434 et fut un moment assiégée par les Bourguignons. Le maire Jean Roussat la maintint dans la fidélité à Henri IV et repoussa les Ligueurs en 1591. Mais c'est seulement en 1640 que le siège particulier du bailliage de Sens, donc bailliage secondaire, créé à Langres en 1561, fut érigé en bailliage et présidial. Siège d'une élection depuis le xive siècle, Langres n'eut donc longtemps qu'un rôle réduit comme centre administratif.
Les tribunaux de l'évêque, seigneur spirituel et temporel, entretenaient cependant un personnel assez nombreux ; le chapitre cathédral contribuait à l'activité de la ville. Des évêques réformateurs (le cardinal de Givry au xvie siècle, Sébastien Zamet, qui fonda de nouvelles congrégations et un séminaire, au xviie siècle) jouèrent aussi un rôle important. Pendant la Révolution, Langres, réduite au rang de chef-lieu de district puis de sous-préfecture, et où les Jacobins furent fort remuants (expédition contre Chaumont, 1792), parvint à sauver son évêché qui fut supprimé en 1801 et rétabli dès 1822.
L'activité économique était dominée par l'importance de la corporation des couteliers, dotée de statuts en 1454 ; mais, à la fin du xviiie siècle, les ateliers quittèrent la ville pour la région de Nogent, ne laissant à Langres que les maisons de commerce. Assiégée par les alliés en 1814 et 1815, la ville était une forteresse importante dont on développa les défenses à partir de 1842. Investie en 1870, elle devint une place frontière pourvue d'une nombreuse garnison. Après 1919, quelques activités industrielles (fromagerie, appareils de manutention) relayèrent les activités militaires.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean RICHARD : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
Classification
Média
Autres références
-
BOURGOGNE DUCHÉ DE
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Jean RICHARD
- 3 580 mots
- 6 médias
...Bourgogne. Le royaume des Burgondes s'était constitué aux dépens de la Lyonnaise, laquelle avait englobé les cités des Éduens ( Autun) et des Lingons ( Langres), les castra de Chalon et de Mâcon, et peut-être une partie de la province de Sens. La Bourgogne reconstituée par Gontran, petit-fils de Clovis,... -
CHAUMONT
- Écrit par Marcel BAZIN
- 391 mots
- 1 média
Chaumont, chef-lieu du département de la Haute-Marne, comptait, lors du recensement de 2012, 24 046 habitants dans la commune et l’aire urbaine rassemblait 42 700 habitants.
À l'origine point fortifié sur le Calvus Mons (Mont-Chauve), promontoire allongé entre les profondes vallées...
-
MORIMOND ABBAYE DE
- Écrit par Marcel DURLIAT
- 297 mots
Créée en 1115, à la jonction de la Champagne et de la Lorraine, cette quatrième fille de Cîteaux manifesta une extraordinaire fécondité en multipliant ses fondations — au nombre de deux cent treize — dans l'Europe entière. Son influence s'exerça surtout en France, dans la péninsule Ibérique et en...