LANGUE BLEUE MALADIE DE LA ou BLUE TONGUE ou FIÈVRE CATARRHALE OVINE
La maladie de la langue bleue est causée par un virus (virose) qui affecte les ruminants. Elle frappe durement l'élevage en Europe occidentale du Nord depuis 2006. Cette virose existe depuis au moins deux siècles en Afrique, sur un mode beaucoup plus mineur, et n'y atteint que les moutons, d'où son autre nom, de fièvre catarrhale ovine (FCO). On l’a longtemps considérée comme restreinte aux zones intertropicales.
Au début du xxie siècle, une souche du virus a été introduite en Europe, vraisemblablement avec des animaux vivants importés d’Afrique sans contrôle, et elle s'est avérée redoutablement pathogène, pour les moutons, mais aussi pour les bovins. Elle a trouvé en Europe des insectes vecteurs réceptifs, très agressifs, pullulant en période chaude, et même capables de se maintenir et de se reproduire dans les étables en période froide. Pour tenter de bloquer l'extension de la maladie, les services vétérinaires ont mis en place des barrières sanitaires. Malgré cela, une très grande partie de l'Europe a été rapidement contaminée, y compris lorsque le transport des insectes infectés a dû se faire sur de longues distances – et par le franchissement de bras de mer par exemple, l'Angleterre ayant été ainsi atteinte dès 2007. Les pertes directes (par mortalité ou par de lourdes séquelles chez les animaux survivants) associées aux restrictions sévères apportées aux échanges commerciaux pèsent lourdement sur les éleveurs. Heureusement, le virus n'atteint pas l'homme, ni par la consommation d'aliments issus d'animaux infectés ni par la piqûre (pourtant fréquente) de l'insecte vecteur.
Symptômes, agent infectieux, vaccins
La maladie de la langue bleue est historiquement pathogène pour les moutons. Selon la description classique, les autres espèces de ruminants sont contaminées, peuvent être porteuses du virus, jouent un rôle dans l'épidémiologie de l'affection, mais ne présentent pas de manifestations cliniques. Cette description a malheureusement dû être modifiée : la forme du virus responsable de l'épizootie qui sévit en Europe de l'Ouest est à la fois très pathogène pour les moutons et les chèvres et pathogène pour les bovins. Il affecte également la faune sauvage, les cervidés en particulier, ce qui pose le problème de l’existence d’un réservoir sauvage du virus en Europe. Chez les moutons, en plus de la fièvre et de l'amaigrissement, elle entraîne une inflammation avec des ulcérations au niveau de la bouche, œdème et cyanose (bleuissement) de la langue, et troubles respiratoires. Il peut s'y associer une boiterie due à des lésions au niveau du pied. Si la guérison survient, elle est lente et s'accompagne de stérilité. Chez les bovins, la maladie est plus rarement mortelle ; elle entraîne, avec des manifestations du même ordre, mais plus chroniques, un retard de croissance, une fonte musculaire et une chute de la production de lait chez la vache.
Il n'existe aucun traitement efficace. Les seules mesures de lutte possibles sont, d'une part, la vaccination et, d'autre part, les restrictions imposées à la circulation des animaux infectés. Bien qu'il s'agisse d'une maladie à transmission vectorielle (par diverses espèces de diptères appartenant au genre Culicoides), et que celle-ci soit la seule source de propagation du virus, il n'est pas possible de bloquer entièrement la transmission en tentant de supprimer, ou même en limitant, les pullulations des vecteurs. La désinsectisation des locaux d'élevage et le traitement des animaux à l'aide d'insecticides font toutefois partie des mesures préconisées dans les zones contaminées.
Cette maladie n'affecte pas l'homme, et il n'y a aucun risque de transmission à ce dernier, ni par les denrées issues d'animaux infectés (viande, lait...)[...]
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Écrit par
- René HOUIN : professeur honoraire à la faculté de médecine, médecin biologiste honoraires des hôpitaux de Paris, membre de l'Académie vétérinaire de France
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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