LANGUE BLEUE MALADIE DE LA ou BLUE TONGUE ou FIÈVRE CATARRHALE OVINE
Circulation du virus
La FCO en Afrique
La maladie de la langue bleue n'est pas une nouvelle venue : elle a été décrite en Afrique du Sud vers 1876, et elle y existait probablement depuis des siècles, de même aussi sans doute que dans de nombreuses régions ailleurs en Afrique. Mais elle n'y attirait guère l'attention, dans un contexte marqué par bien d'autres pathologies des ovins. Peu à peu, cependant, au fil de la première moitié du xxe siècle, cette maladie dont on n'avait pas encore mesuré l'importance s'est répandue sur le continent, jusqu'à atteindre les rives de la Méditerranée au début des années 1950. Entre-temps, la manière dont s'infectent les moutons avait été élucidée (R. M. Du Toit, 1944) ; à l'Institut Pasteur d'Alger, J. Clastrier identifia en 1958 l'insecte vecteur. Il s'agit d'un petit moucheron piqueur, Culicoides imicola, décrit dès 1913 par un entomologiste strasbourgeois (J.-J. Kieffer), mais à l'époque considéré comme une simple nuisance. Ainsi définie, et même si elle s'avérait capable d'entraîner parfois des mortalités importantes, la maladie n'inquiéta guère : la biologie de son vecteur le limitait aux régions chaudes, et aucun autre mode de transmission n'était connu. Il existe pourtant beaucoup d'espèces différentes de Culicoides, mais aucune ne transmettait le virus en région méditerranéenne.
La traversée de la Méditerranée
La situation évolua pourtant. Le Portugal fut atteint dès 1956, l'Espagne en 1960 et la Grèce en 1980. Les variétés du virus (surtout le sérotype 9 dans la partie orientale, le sérotype 2 en Méditerranée occidentale) se sont montrées capables de suivre des expansions limitées de l'aire de répartition de l'insecte vecteur. Rien de bien inquiétant jusqu'à ce que se répande le concept de « réchauffement climatique » et, avec lui, la crainte d'un déferlement de maladies exotiques sur l'Europe. Cette crainte parut se confirmer à partir d'octobre 2000, lorsque le vecteur et la maladie prirent pied en Corse et l'envahirent en quelques années. Un peu plus tard, la même mésaventure survint aux Baléares. Dès lors, les services vétérinaires des pays bordant le nord de la Méditerranée prirent les choses au sérieux, une surveillance fut mise en place, et des campagnes de vaccination organisées dans les régions (par exemple en Italie, en Espagne ou en Corse) où apparaissait la maladie. La situation semblait contrôlée et, de fait, la progression vers le nord resta modérée, ne se limitant en France continentale qu'à l'apparition de quelques foyers de sérotype 1 à partir de l'Espagne.
L'Europe prise à revers
Tout changea subitement en 2006 : à la surprise générale, vraisemblablement à partir d'une importation d'ovins vivants, un nouveau foyer apparut en Europe, non plus dans le Sud mais dans le Nord-Ouest. Il s'étendit très vite sur la Belgique et les régions voisines d'Allemagne, de France et des Pays-Bas. La forme clinique de la maladie induite était beaucoup plus aiguë que celle du sud de l'Europe et, surtout, les bovins étaient malades. D'un point de vue épidémiologique, il y avait aussi une grande nouveauté puisque la maladie se transmettait sans qu'existe dans la région le vecteur jusque-là considéré comme indispensable. Les travaux réalisés au cours de l'année 2007 montrèrent que le virus responsable appartenait au sérotype 8, jusqu'alors connu seulement au Kenya. Les vecteurs qui furent démontrés dans ce foyer (Culicoides dewulfi et C. obsoletus) n'existent pas en Afrique, mais se sont révélés réceptifs à ce sérotype alors qu'ils ne le sont pas aux sérotypes présents dans le sud de l'Europe. Malheureusement, ces insectes sont extrêmement abondants dans toute[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- René HOUIN : professeur honoraire à la faculté de médecine, médecin biologiste honoraires des hôpitaux de Paris, membre de l'Académie vétérinaire de France
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
ÉPIZOOTIES
- Écrit par Bernard TOMA
- 4 188 mots
- 5 médias
La fièvre catarrhale du mouton poursuit depuis quelques années une offensive dans les pays méditerranéens, à partir de ses zones d'enzootie constituées par les pays chauds. En 2000, elle a évolué en Tunisie, en Algérie, en Sardaigne, en Sicile, en Corse, aux Baléares... Depuis lors, elle est réapparue... -
SURVEILLANCE DES INSECTES VECTEURS
- Écrit par Yannick SIMONIN
- 3 402 mots
- 5 médias
Les Culicoides (parfois aussi nommées « mouches des sables ») sont des petits diptères hématophages, vecteurs potentiels notamment de la fièvre catarrhale ovine, également appelée maladie de la langue bleue (bluetongue), une maladie virale touchant les ruminants domestiques (ovins, bovins,... -
VIROSES ANIMALES
- Écrit par Jacqueline VIRAT
- 2 584 mots