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GAULOISE LANGUE

Au moment de la conquête romaine, la langue celtique qui était parlée en Gaule cisalpine et transalpine est le gaulois. C'est l'un des témoins connus du « celtique continental », avec le celtibère et le lépontique.

Tandis que les différents rameaux du celtique insulaire sont attestés plus tardivement et par des documents abondants (certains rameaux sont encore vivants), les documents du celtique continental remontent à l'Antiquité et sont de nature très fragmentaire. Il s'agit principalement de quelques inscriptions (une centaine pour le gaulois) ; les inscriptions latines de Gaule, infiniment plus nombreuses, fournissent beaucoup de noms propres gaulois (toponymes, anthroponymes, théonymes) ; les auteurs gréco-latins et certains glossaires anonymes nous ont transmis plusieurs mots gaulois ; beaucoup moins sûrs sont les toponymes reconstitués à partir de formes médiévales, ou les mots gaulois supposés par la reconstruction étymologique à partir de mots français modernes.

Les inscriptions proprement gauloises sont écrites d'abord en alphabet grec (emprunté aux colons grecs de Marseille), puis en alphabet latin. On peut les dater approximativement entre le iiie siècle avant J.-C. et le iiie siècle après J.-C. Ce sont des documents généralement brefs, et stéréotypés : on retrouve la même formule dans toutes les dédicaces à un dieu, dans toutes les signatures de potiers ; les inscriptions funéraires se contentent en général de dénommer le défunt (avec le nom individuel et le patronyme). Aussi notre connaissance du gaulois est-elle très limitée, notamment en ce qui concerne sa morphologie et sa syntaxe. On doit s'aider à la fois de la comparaison avec les autres langues celtiques et de la comparaison avec les autres dialectes indo-européens pour interpréter les désinences ou les thèmes lexicaux.

Certains documents importants sont encore mal élucidés, car il nous manque de connaître à fond la culture gauloise pour pouvoir les interpréter de façon satisfaisante. Le plus long document connu, le calendrier de Coligny (un calendrier quinquennal fondé sur le cycle lunaire), reste encore inintelligible pour l'essentiel. Les découvertes récentes de Chamalières (défixion sur plomb) et de Lezoux sont encore très controversées. Seuls les comptes de potiers de La Graufesenque (connus en 1922) ont permis un net progrès dans la connaissance du gaulois, car les graffites gaulois avaient des parallèles en latin. On a ainsi découvert les chiffres ordinaux du gaulois, de « deuxième » à « dixième ».

Au point de vue phonétique, le gaulois comporte d'abord les caractéristiques du celtique commun : chute du -p-, évolution du -ē- long en -ī- long. Il a d'autre part des particularités dialectales : il partage avec le traitement -kw- > -p- -p- (kw est conservé en celtibère et en goïdélique). Voyelles longues et diphtongues paraissent peu stables : le gaulois perd le -ō- long indo-européen, devenu tantôt -ā-, tantôt -ū- ; mais il recrée de nouvelles longues -ē- et -ō- à partir des diphtongues indo-européennes -ei- et -ou-. On ne connaît pas assez le gaulois pour savoir s'il comportait des différences dialectales.

Le gaulois a disparu plus ou moins tard selon les régions : il a duré plus longtemps dans les régions reculées ou montagneuses ; il survivait encore en Auvergne dans les centres urbains et dans les zones de passage : c'est donc dans le vocabulaire paysan que l'on conserve le plus de vocables gaulois (exemples : arpent, charrue, soc, truie, etc.).

— Pierre-Yves LAMBERT

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Écrit par

  • : agrégé de grammaire, docteur d'État, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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