LANGUEDOC, histoire
Le Languedoc est, parmi les grandes provinces françaises, une des plus marquées par l'histoire. Son nom même est tiré de la langue qu'ont parlée, pendant des siècles, ses habitants.
Cette région fut successivement la Narbonnaise romaine, le comté de Toulouse des Raimond, la généralité du Haut et Bas-Languedoc de l'Ancien Régime ; et si la révolution de 1789 a supprimé administrativement la province en la divisant en huit départements, la personnalité languedocienne n'en subsista pas moins au xixe siècle sous la forme d'un certain conservatisme économique (primauté de l'agriculture, faiblesse de l'industrialisation). Aujourd'hui, tout en étant fidèle à un art de vivre propre et à une culture humaniste héritée de son histoire (profonde empreinte latine, civilisation des cathares, religion du désert), le Languedoc connaît de nouvelles mutations.
Depuis un siècle, le haut Languedoc, qui est le pays des grains (blé et maïs), se dépeuple au profit des villes, surtout de Toulouse ; la noblesse s'appauvrit, vend ses terres aux cultivateurs ; la polyculture et la petite propriété se développent, mais les paysans vivent difficilement. Le bas Languedoc, au contraire, s'est engagé dans la production commerciale du vin, avec la monoculture de la vigne ; devant les dangers de la surproduction et grâce aux progrès de l'irrigation, il tend à lui associer les cultures maraîchères et les productions fruitières. Mais, pour l'ensemble du Languedoc, la première révolution industrielle a été manquée. Heureusement, la seconde moitié du xxe siècle semble, avec les perspectives de la régionalisation, se présenter sous de meilleurs auspices.
Les origines
Les premiers hommes
Riche en sites préhistoriques, le Languedoc semble avoir abrité deux grands types successifs d'occupants au Paléolithique et au Néolithique. Ce furent d'abord des collecteurs de racines, de fruits et de baies sauvages, ainsi que des chasseurs, il y a peut-être un million d'années, correspondant à l'Acheuléen dont les représentants étaient établis de la Garonne au Rhône, puis à l'humanité néandertalienne, qui disparaît vers les XXXVe-XXXe millénaires. L'Homo sapiens, ancêtre direct de l'humanité actuelle, apparaît alors sous un climat très froid ; il vit dans les cavernes, et, le premier, donne les chefs-d'œuvre des grottes peintes (Niaux dans l'Ariège, grottes du canyon de l'Ardèche). À partir du VIIe millénaire, la rigueur du climat s'atténue et apparaissent progressivement des pasteurs et des paysans, dont la présence est attestée par des céramiques originales ; au cours du IIIe millénaire, les genres de vie et l'habitat se diversifient, le Languedoc méditerranéen est plus pastoral, le Languedoc aquitain plus paysan, et cette division persistera jusqu'au début du premier âge du fer (viiie siècle av. J.-C.), avec les « peuples des champs d'urnes » (agriculteurs sédentaires des plaines et des vallées) et les « peuples des tumulus » (pasteurs des plateaux, errant avec leurs troupeaux le long des drailles de transhumance, que leurs prédécesseurs avaient jalonnées de dolmens).
L'implantation commerciale grecque
La fondation de Marseille par les Grecs de Phocée vers 600 avant J.-C. allait entraîner en Languedoc l'afflux des marchandises helléniques et la fondation d' Agde (Agathè). Le commerce grec, avec ses poteries et ses monnaies, vivifia la région. Un type d'agglomération se développa, celui des oppida, dont Ensérune, dans l'Hérault, est l'exemple le plus caractéristique ; ces acropoles, outre leurs vertus défensives, permettaient aux indigènes (appelés tantôt Ligures et tantôt Ibères) de surveiller les mouvements des commerçants étrangers et de demeurer maîtres des voies terrestres et maritimes, notamment de la route [...]
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Écrit par
- Jean SENTOU : professeur d'histoire contemporaine à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
Classification
Média
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