LANGUEDOC, histoire
Les vicissitudes médiévales
La langue d'oc
Le Languedoc entre alors dans une longue et obscure période. Conquis par les Arabes, il est reconquis par les Carolingiens. La décadence de ces derniers, au ixe siècle, entraîne de nouvelles invasions, celles des Sarrasins, des Normands, des Hongrois. La plupart des villes languedociennes sont pillées et détruites. Le développement de la féodalité aboutit à la pulvérisation du pouvoir royal ; seule l'Église résiste et développe son patrimoine foncier. Néanmoins une grande mutation intervient entre le ixe et le xie siècle : le dualisme linguistique s'accuse entre pays du Nord et pays du Midi, entre pays où l'affirmation s'exprime par oïl (du latin hoc ille) et pays où elle s'exprime par oc (de hoc) ; le Languedoc affirme dès lors une originalité linguistique incontestable, qui durera jusqu'à l'enseignement obligatoire du français, à la fin du xixe siècle.
L'épanouissement des XIe et XIIe siècles
Comme tout l'Occident, le Languedoc connaît un renouveau extraordinaire après l'an mille. Il le doit à sa vocation méditerranéenne, et d'abord à l'influence capitale des croisades. Si Narbonne, Béziers, Agde tirent profit de ces expéditions, c'est surtout le Languedoc oriental qui s'anime, dans le pays de Montpellier, de Saint-Gilles et de Nîmes. Partout apparaissent des villes nouvelles : Castres, Saint-Pons, Lavaur, Montpellier, Alès, Saint-Gilles et Beaucaire, et, avec elles, une administration municipale indépendante, les consulats. Un tel enrichissement matériel se double d'une réussite spirituelle avec les poésies de l'amour courtois des troubadours et les sculptures romanes (Saint-Sernin de Toulouse et abbaye de Moissac). Alors naît une civilisation languedocienne vraiment originale, avec le développement du catharisme, religion populaire, ignorant le latin, s'efforçant de retrouver la pureté de l'Église primitive avec la vie exemplaire des Parfaits.
La croisade contre les albigeois
L'Église, dirigée par Innocent III, ne pouvait tolérer le triomphe d'une telle hérésie. Voyant que les prédications de saint Dominique n'obtenaient pas de résultats tangibles, elle se décida à organiser, en 1209, une véritable croisade, qui devait permettre aux seigneurs de la France du Nord d'envahir le Languedoc, de le mettre à feu et à sang, et de s'emparer de nombreuses terres. En même temps, la royauté, avec Philippe-Auguste et Louis VIII, y vit l'occasion de restaurer l'unité française et d'écraser la puissance des comtes de Toulouse, qui avaient peu à peu réussi à unifier à leur profit le Languedoc féodal. La lutte dura une vingtaine d'années et se termina, en 1229, par le traité de Meaux, qui enleva au Languedoc son indépendance et en fit entrer la plus grande partie sous l'administration directe du roi de France.
Le Languedoc royal
L'Inquisition, créée en 1233, se chargea de poursuivre l'hérésie. Des universités furent créées à Toulouse et à Montpellier. Les ruines furent vite relevées et la reprise de l'expansion économique est attestée par la multiplication de nouvelles agglomérations, les bastides, dans le haut Languedoc. Le Languedoc restera désormais loyal à la couronne de France, notamment aux xive et xve siècles, pendant les dures épreuves de la guerre de Cent Ans ; il en sera récompensé par la création, en 1420, d'un parlement, qui siégera à Toulouse jusqu'à la Révolution.
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Écrit par
- Jean SENTOU : professeur d'histoire contemporaine à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
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