FINNO-OUGRIENNES LANGUES
Les langues finno-ougriennes constituent une famille, c'est-à-dire un ensemble de langues entre lesquelles la grammaire comparée établit une relation de parenté : toutes proviennent d'une même langue ancienne, qui s'est différenciée au cours du temps, en des lieux divers, au fur et à mesure de la dispersion des groupes humains qui la parlaient. On donne le nom de finno-ougrien commun à l'état de langue plus ou moins unitaire qu'on postule au départ de ce processus de différenciation.
Le domaine finno-ougrien
Ces langues sont aujourd'hui localisées, pour la plupart, dans des contrées nordiques, de la Norvège à la Sibérie occidentale ; le hongrois est la seule exception notable. Elles occupent des aires d'importance très inégale avec souvent une densité de population très faible. Le nombre total des individus parlant des langues finno-ougriennes doit être de 20 à 22 millions, pour une quinzaine de langues différentes. Le hongrois, ou magyar, compte le plus de locuteurs : plus de 10 millions dans la seule Hongrie actuelle, mais il est également parlé dans les pays voisins, comme la Transylvanie aujourd'hui roumaine, et dans les colonies d'émigrés (ainsi aux États-Unis). Le finnois, ou suomi, a fourni la langue nationale de la Finlande (plus de 5 millions de locuteurs) où le suédois, parlé par une minorité de 6 p. 100 environ, reste l'autre langue officielle. Le finnois est le représentant principal d'un groupe fennique dont d'autres variétés sont le carélien à l'est (en Russie, 100 000 locuteurs environ) sur le domaine duquel a été trouvé il y a quelques décennies un court texte du xiiie siècle sur écorce de bouleau, l'este, ou estonien, en Estonie (environ 1 million de locuteurs) et, en Russie encore, d'autres parlers moins importants, certains presque éteints aujourd'hui.
Les parlers lapons, dont l'intégration au finno-ougrien pose encore des problèmes, ne sont plus représentés actuellement que par une trentaine de milliers d'individus. En dehors des pays scandinaves – la plupart vivent en Norvège, 3 000 environ en Finlande –, un petit groupe demeure dans la presqu'île de Kola en Russie. Plusieurs parlers lapons ont donné lieu à des langues écrites depuis le xviiie siècle, surtout pour la diffusion de textes religieux.
Toutes les autres langues finno-ougriennes ont leur domaine en Russie ; elles figurent parmi les idiomes qui ont été dotés d'un alphabet et promus au rang de langues écrites pour jouer, à côté du russe, le rôle de langues nationales dans les républiques où on les parle. La mieux représentée est le mordve(environ 1 200 000 locuteurs), qui est aussi la plus méridionale (îlots nombreux sur une aire étendue au nord et au nord-est de Saratov). Le tchérémisse, ou mari, qui comporte diverses variétés, compte environ 590 000 locuteurs, pour moitié dans la république des Maris (région de la Volga, au nord du fleuve surtout, à l'est de Gorki). Le groupe permien, parlé par environ 1 million de personnes, occupe une aire beaucoup plus étendue, surtout avec le zyriène ou komi qui va de la Louza à l'Oural et à la mer de Glace, l'autre langue du groupe étant l' oudmourte, ou votiak, entre la Viatka et la Kama. Les langues dites ougriennes de l'Ob, ou ob-ougriennes ( ostiak ou khanti et vogoul ou manśi), sont également établies sur de vastes espaces de part et d'autre de l'Ob, de l'Oural jusque vers l'Ienisseï, mais ne sont représentées que par des populations peu nombreuses (25 000 individus environ au total).
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Écrit par
- Jean PERROT : professeur émérite de l'université de Paris-XIII, président fondateur de l'Institut international Charles-Perrault
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