ROMANES LANGUES
En vertu de certains critères linguistiques, on qualifie de roman l'ensemble des idiomes issus du latin, repérables dans le présent aussi bien que dans le passé. S'il est légitime de considérer comme romanes surtout les langues nationales et littéraires reconnues de nos jours – soit le portugais, l'espagnol, le français, l'italien et le roumain –, il faut également tenir compte des langues dont la fonction dans les sociétés respectives diffère plus ou moins : le galicien ou le catalan ; l'occitan ; les variantes écrites des parlers réto-romans en Suisse. Mais on doit se garder d'oublier les nombreux dialectes, même ceux qu'on ne connaît pas explicitement, comme le mozarabe de l'Espagne musulmane. Il est en effet fondamental, au point de vue linguistique, de constater que tel parler vosgien, tombé au niveau de patois sans prestige et en voie de disparition, est un idiome aussi parfaitement roman qu'une langue nationale.
L'inventaire et la description
C'est une coutume de la linguistique traditionnelle que d'aborder l'étude des langues romanes par un chapitre d'histoire plutôt que de linguistique pure. Le fait que la langue d'une minorité de représentants expansifs d'une seule et même ville s'impose à des sujets parlants et à des communautés linguistiques d'appartenance ethnique tout à fait différente ne laisse pas de fasciner ceux qui s'intéressent aux faits du langage. En outre, les domaines latin et roman sont parmi les mieux documentés, tant au point de vue des sources disponibles qu'en ce qui concerne l'effort critique dont ils ont été l'objet au cours des siècles.
Au point de vue de la méthode, l'étude des langues romanes, du moins quand elle se trouve orientée sur la diachronie et sur l'histoire plutôt que sur la description en phases synchroniques, tient naturellement compte du latin, ou plus exactement : elle opère sur un plan de reconstitution métalinguistique représenté par tout ce qui est latin. On notera que dans cette conception la notion de latin « vulgaire », qui introduit souvent un jugement de valeur par rapport au latin dit classique, est arbitraire.
Le point de vue extra-linguistique ainsi adopté permet d'établir une espèce de classement correspondant aux affinités structurales et typologiques des langues à l'étude.
L'italo-roman
En raison de son étendue, du centre à la périphérie de la Romania, la « botte » italienne englobe des parlers extrêmement variés. Détachée par une ligne qui va de La Spezia à Rimini, l'Italie du Nord (à l'exception de la Vénétie) est orientée linguistiquement vers la Gaule (dialectes dits gallo-italiens). On considère à part l'italien du Centre avec le toscan qui, au point de vue de la typologie, occupe une position intermédiaire entre le Nord et le Sud. L'Italie méridionale se constitue linguistiquement au sud d'une ligne qui relierait Rome à Ancône. On y rencontre de nombreux traits archaïques qui apparentent les parlers méridionaux au roumain et à l'ibéro-roman.
L'ibéro-roman
Le complexe des parlers de la péninsule Ibérique, riches en éléments non romans, est relativement archaïque. On mentionnera la relation, au niveau des substrats, entre le galicien-portugais et les parlers anciens d'Aquitaine, ainsi que les problèmes posés par le basque. Le catalan quant à lui, s'oriente primitivement vers la Gaule : des effets d'hispanisation (désignés parfois sous le terme de subagrupación) se vérifient au cours de l'histoire.
Le gallo-romain
Les parlers du territoire de la Gaule appartiennent typologiquement soit au français, soit à l'occitan. Pour autant qu'on accepte la frontière sud de l'expansion du superstrat francique, sur la base, par exemple, de la répartition géographique de paires comme [...]
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Écrit par
- Gustav INEICHEN : professeur à l'université de Göttingen.
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