LANTERNE MAGIQUE
Le même principe régit à la fois le théâtre d'ombres et la lanterne magique : des silhouettes sont projetées sur une toile ou sur une muraille blanche à l'aide d'une source lumineuse. Cependant, tandis que le théâtre d'ombres utilise des marionnettes ou des acteurs, la lanterne magique permet de projeter ou d'agrandir des silhouettes gravées ou peintes sur le verre. La lanterne magique fut découverte et perfectionnée, au cours de la seconde moitié du xviie siècle, par le père Athanase Kircher en Allemagne et par le père De Châle en France. L'invention fut bientôt célèbre, comme en témoigne la fable de Florian, Le Singe qui montre la lanterne magique : le singe n'avait oublié qu'une chose, c'était d'« éclairer sa lanterne ». Le xviiie siècle vit grandir la passion des mondains pour les projections de lanternes magiques, comme d'ailleurs d'ombres humaines et de silhouettes. Comme tous les théâtres d'ombres, la lanterne magique ne peut rendre la troisième dimension, mais permet d'animer des images fixes. On sait que la lanterne magique est à l'origine des contes de Voltaire : à Cirey, celui-ci divertissait Mme du Châtelet en improvisant des contes à l'aide de marionnettes ou d'une lanterne magique ; bien des années plus tard, il devait les coucher sur le papier. La lanterne magique est associée en grande partie à la tradition du conte : les illustrations des contes du xixe siècle, celles de Caran d'Ache et de Toepffer en particulier, reprennent le principe des scènes silhouettées. La lanterne magique devient un instrument populaire au xixe siècle et au début du xxe : éclairée par une bougie ou une lampe à pétrole, elle permettait de projeter à domicile les aventures de Riquet à la Houpe ou d'autres héros. On pouvait acheter une lanterne déjà gravée, ou dessiner soi-même les sujets choisis avec de l'encre acide. Pendant le siège de Paris, en 1871, la lanterne magique servit en quelque sorte de microscope pour agrandir les messages des pigeons voyageurs. C'est le général autrichien von Uchatius qui eut l'idée de combiner le principe de la lanterne magique avec celui du zootrope de l'Anglais Horner (ce dernier instrument constituait un perfectionnement du phénakistiscope du physicien belge Plateau, fondé sur la loi de la persistance rétinienne, et dont le disque de carton percé de fentes pouvait servir à la reconstitution du mouvement en partant d'une série de dessins fixes) : ainsi les images projetées sur l'écran pouvaient-elles être animées. L'ancêtre du dessin animé était né.
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Écrit par
- Armel MARIN : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression
Classification
Média
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