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LAO SHE ou LAOSHE [LAO-CHO](1899-1966)

La responsabilité de l'écrivain

Avec la guerre, Lao She découvre la responsabilité politique de l'écrivain. Jusque-là, il s'était toujours tenu à l'écart des différents groupes littéraires et abstenu de soutenir des positions partisanes. Mais l'invasion japonaise l'amène à s'engager profondément dans la résistance. Il se sépare de sa femme et de ses enfants, qu'il ne reverra que cinq ans plus tard, et quitte Jinan pour Wuhan. Là, avec un groupe d'amis et l'aide du général Feng Yuxiang, il lance l'un des premiers organes des écrivains résistants, la revue Résister jusqu'au bout (Kang dao di). En mars 1938, lors d'une importante assemblée réunissant des personnalités littéraires et artistiques de tous bords, proches aussi bien du parti nationaliste que des communistes, une Fédération est créée, dont il devient le principal responsable.

Lorsqu'il est obligé de se replier à Chongqing l'année suivante, il ne perd pas courage. Outre l'animation de l'organisme dont il a la charge, Lao She multiplie les activités. Il est d'abord rédacteur en chef de la revue Lettres et arts de la guerre de résistance (Kangzhan wenyi), qui dépend de la Fédération et il le restera jusqu'à la fin de la guerre. Ensuite, il se met à écrire de nombreux textes et plusieurs pièces de théâtre destinés à la propagande patriotique. Il semble alors renoncer volontairement au roman, au profit de genres, comme la ballade au tambour (gushu) ou l'opéra traditionnel (xi), qui connaissent encore un grand succès populaire. À la suite d'un voyage au front, au cours duquel il rencontre Mao Zedong à Yan'an, il publie enfin un long récit en vers, Au nord de la passe de Jian (Jian bei pian).

Mais avec la prolongation de la guerre, qui ruine sa santé, l'écrivain ne peut échapper totalement à l'attrait que continue d'exercer sur lui le roman. Lorsque les siens, qui vivaient à Pékin jusque-là, parviennent à le rejoindre, Lao She entreprend une vaste fresque décrivant en détail la vie des habitants de l'ancienne capitale sous l'occupation japonaise. Le livre, intitulé Quatre générations sous un même toit (Si shi tong tang), constitue un document important pour l'histoire de Pékin et l'évolution de la famille pékinoise traditionnelle. Paru d'abord sous forme de feuilleton, il est ensuite publié en volumes séparés dans les années qui suivront la fin du conflit, sauf la troisième partie, qui ne le sera que beaucoup plus tardivement.

Peu de temps après la capitulation du Japon, le romancier est invité par le département d'État à séjourner, en compagnie de son ami le dramaturge Cao Yu, aux États-Unis. C'est pour lui l'occasion de faire des conférences, mais également d'aider à la traduction de ses œuvres, qui connaissent là-bas un très grand succès. Il écrit alors un roman, Les Conteurs au tambour, dont le texte original ne sera jamais publié et qui ne sera connu que par sa version anglaise (The Drum Singers) ; l'auteur y révèle la connaissance très profonde qu'il a acquise du monde des arts populaires, s'étant personnellement lié avec plusieurs artistes.

Quand le pouvoir communiste s'installe dans son pays, Lao She est toujours en Amérique. Il tarde un peu à se rallier au nouveau régime, mais, une fois le pas franchi, sa loyauté ne se démentira pas, même dans les moments les plus délicats, notamment en 1957, lors du mouvement contre les « droitiers ». Comme les autres grands écrivains, il est couvert d'honneurs et de responsabilités officielles. Vice-président de l'Union des écrivains, il est aussi député de Pékin et membre de nombreuses commissions gouvernementales. Mais il ne s'arrête pas pour autant d'écrire. Au contraire, revenant au théâtre, il trouve dans la nouvelle société des sujets pour plusieurs pièces.[...]

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Écrit par

  • : professeur de littérature chinoise à l'université de Paris-VII

Classification

Autres références

  • CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature

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    • 47 508 mots
    • 3 médias
    À côté de ces grandes figures, qui appartiennent déjà à l'histoire, les principaux représentants de la génération suivante sont Lao She (1899-1966), Ba Jin (1904-2005) et Cao Yu (1910-1996). Lao She est de formation anglaise ; ses romans satiriques, grouillants de vie, introduisent une note gaie...
  • GENS DE PÉKIN, Lao She - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 716 mots

    Rassemblant des nouvelles parues dans les années 1930, Gens de Pékin est tout à fait représentatif de l'art et de la vision de Shu Quingchun, dit Lao She, né à Pékin en 1899 et mort en 1966, lors de la révolution culturelle. Mêlant lyrisme et réalisme, humour et cruauté, le recueil révèle...