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LAQUE

Laques japonais

Technique

Paire de vases - crédits :  Bridgeman Images

Paire de vases

Au Japon, la préparation du laque se pratique comme en Chine. Il s'emploie surtout sur le bois, parfois sur le bambou, le papier mâché, le tissu, le cuir, la poterie. Les revêtements de base, généralement noirs, se posent sur des apprêts très soignés et subissent plusieurs polissages. On fait parfois usage de laques translucides, colorés ou non, pour laisser apparaître le grain d'un bois précieux. Le maki-e, décor d'or et d'argent, donne lieu à de très nombreuses variantes. Sur le fond encore humide, les motifs sont saupoudrés d'une poussière d'or ou d'argent et recouverts ensuite d'une couche de laque qui sera polie jusqu'à ce que transparaisse le métal. Le hiramaki-e (décor plat) s'accompagne souvent du takamaki-e (décor en relief). Vers le xiie siècle apparaît le nashiji, qui utilise des parcelles d'or irrégulières et sert surtout pour animer les fonds. Le décor peut être rehaussé de fils d'or ou de petites parcelles de forme géométrique (kirikane). Des incrustations de nacre (raden) sont employées seules ou combinées avec le maki-e. Les laques sculptés tiennent une place moins importante qu'en Chine ; le type populaire (kamakura-bori) superpose des laques noirs et rouges sur des bases sculptées. Le procédé du negoro-bori fait alterner des couches rouges et noires sur des pièces sans autre décor. Il faut signaler, enfin, que la technique chinoise du laque sec a été utilisée à l'époque de Nara (710-794) pour une statuaire bouddhique colorée et dorée qui pouvait atteindre la taille humaine.

Des origines au XIIe siècle

Dès l'époque Yayoi (iiie s. av. J.-C.-iiie s. apr. J.-C.), le laque était employé comme enduit, ou pour des ornements sommairement peints ou incrustés de métal. Mais il ne devient un art véritable que dans le grand élan culturel que suscite le bouddhisme au vie siècle. Les œuvres du viie siècle conservées au Japon sont, soit coréennes ou chinoises, soit trop directement inspirées des modèles étrangers pour être considérées comme japonaises. Rien ne semble subsister des laques du viiie siècle, bien que l'on sache que cet art était alors réglementé et encouragé. Le trésor du Shōsōin offrait des exemples variés des techniques Tang : incrustations d'or et d'argent, de nacre et d'ambre, laques peints et, exceptionnellement, dorés. C'est ce dernier procédé qui fut retenu et qui devint caractéristique du décor japonais. L'emploi de la nacre fit aussi école. Aux ixe et xe siècles, ces techniques se libèrent peu à peu des modèles symétriques de la Chine. Elles s'épanouissent aux xie et xiie siècles : un style purement japonais s'est alors créé et, sous l'influence du raffinement littéraire de la cour, le laque s'enrichit de motifs picturaux, d'allusions poétiques. Le laque d'or, la nacre se détachent avec netteté sur des fonds noirs. On orne ainsi des selles, des fourreaux de sabres, des coffrets, des objets destinés au culte. Le décor intérieur de certains temples (Hōōdō du Byōdō-in à Uji, 1053 ; Konjikidō du Chūsonji à Hiraizumi, 1124) fait également appel à ces procédés.

Du XIIe siècle à nos jours

L'art de l'époque Kamakura (1185-1336) ajoute au maki-e le décor en relief, le nashiji, l'emploi de fils d'or. Le style est réaliste, libre et vigoureux ; les allusions littéraires se complètent de caractères mêlés aux autres motifs. C'est sans doute à cette époque qu'apparaissent les laques sculptés, mais les premiers exemples connus sont plus tardifs. L'époque Muromachi (1336-1573) est fortement marquée par une nouvelle vague d'influences chinoises et par le bouddhisme Zen. L'art des grands peintres se reflète dans des laques aux compositions poétiques, notamment des paysages axés dans un angle, selon le principe chinois. L'apogée de cet[...]

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Miroir, dynastie Tang - crédits :  Bridgeman Images

Miroir, dynastie Tang

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Paire de vases - crédits :  Bridgeman Images

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