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BURROWS LARRY (1926-1971)

Aux dirigeants de la revue américaine qui l'employait, le reporter britannique confiait en pleine guerre du Vietnam : « Dieu merci, ce n'est pas ma guerre ». Ses images devaient pourtant marquer l'opinion internationale avant d'inspirer le cinéma. Henry Frank Leslie Burrows est né le 29 mai 1926 à Londres. Abandonnant ses études dès l'âge de seize ans avec l'intention de s'engager dans l'armée, le jeune homme est réformé pour cause de myopie grave et sa contribution à son pays en guerre se limitera à un travail dans les mines de charbon. L'entrée de Burrows dans la photographie passe par le laboratoire du bureau londonien du magazine Life qui l'emploie comme garçon à tout faire. Le paysage de quartiers entiers de Londres dévastés par les bombes le conforte dans sa résolution de témoigner à son tour de l'horreur et de l'absurdité de la guerre. Devenu reporter du magazine qui, à cause de son jeune âge, refuse d'accéder à sa demande d'aller photographier la guerre de Corée en 1950, Burrows se voit confier son premier grand reportage en octobre 1956, sur l'opération « Mousquetaire » lancée sur le Canal de Suez par le Royaume-Uni, la France et Israël. On retrouve Burrows en 1960 au Congo au moment de la lutte pour l'indépendance.

La guerre du Vietnam qu'il commence à couvrir en 1962 et dont il assurera la relation jusqu'à sa mort en 1971, est le terrain sur lequel Larry Burrows conduira une activité exemplaire en même temps que sa réflexion de photojournaliste. Son arrivée au bureau de Life à Saigon se fait au moment où, sérieusement concurrencée par les actualités télévisées alors en noir et blanc, la presse écrite du début des années 1960 réagit par l'introduction de pages d'information en couleurs. Un premier reportage, mené sur une durée de six mois, paraît sur douze pages du magazine Life daté du 25 janvier 1965, qui en fait également une couverture dépliable en longueur. Intitulée Stark color of the vicious struggle in Vietnam, traduit en français par Images sans fard de la sale guerre au Vietnam, la publication donne une représentation ample et forte du conflit au Vietnam, vu du côté américain. Le texte assez court du journaliste Milton Orshefsky laisse une large place aux images, dont trois occupent une pleine page et deux autres le cadre horizontal d'une double page : un bombardement au napalm vu d'avion à basse altitude et un groupe de soldats américains et sud-vietnamiens contemplant une dizaine de cadavres de combattants Vietcongs gisant dans la boue. En même temps qu'il révolutionne la maquette du magazine, le sujet marque un tournant dans la perception par l'opinion américaine, puis mondiale, de la seconde période de la guerre d'Indochine. Diffusé à Saigon, le reportage assure aussitôt au nouveau venu l'estime de l'important contingent de photojournalistes missionnés au Sud Vietnam par la presse internationale.

Larry Burrows renouvellera l'exploit avec la parution sur quatorze pages d'un reportage annoncé en couverture du numéro du 16 avril 1965 de Life : « Un vol à bord de Yankee Papa 13 » décrit de l'intérieur l'attaque de dix-sept hélicoptères américains par des roquettes nord-vietnamiennes. La riposte des soldats, les blessés soignés en vol, le désespoir des survivants s'ajouteront au plaidoyer contre la guerre que Burrows alimente de ses images et auxquelles s'ajoutera en 1966 la scène déchirante montrant un marine reconnaissant un camarade grièvement blessé. Lauréat du prix prestigieux de l'Overseas Press Club Robert Capa en 1963, 1965 et 1971, nommé en 1967 Photographe de l'année par l'université de journalisme du Missouri, Larry Burrows réalise un reportage à Calcutta au moment de l'annonce de l'invasion imminente du [...]

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