NORÉN LARS (1944-2021)
Un théâtre de société
En 2006, Lars Norén entame une nouvelle série de pièces courtes sous le titre « Terminal ». Il reprend ou revisite certaines de ses thématiques déjà présentes dans son œuvre, au regard du temps écoulé : « Je peux voir à travers les événements passés. Je peux voir la face nue des choses car le reste s’est évanoui. » À partir de 2012, il publie des romans philosophiques – La Nuit de la philosophie, Aucun et Laissé – puis, en 2016, un recueil de poésie, Stoft, couronné par le prix littéraire Nils Ferlin. En mars 2017, il met en scène au Dramaten La Vie immobile, pièce composée d’une centaine de scènes très brèves, sans une seule réplique. Les œuvres théâtrales de Lars Norén, représentées dans de très nombreux pays à travers le monde (en France, Jean-Louis Martinelli le fait découvrir en 2000 au Théâtre national de Strasbourg avec Catégorie 3.1), font de lui un dramaturge contemporain majeur et prolifique, avec environ quatre-vingt-dix pièces à son actif. Elles témoignent des recherches et des évolutions de son écriture d’apparence très réaliste, incisive et féroce, voire provocatrice ou contestée, capable d’associer l’intime au documentaire, l’histoire à l’actualité, la sociologie et la psychologie à l’existentiel.
Considéré dans son pays comme le plus grand dramaturge suédois depuis August Strindberg (1849-1912), Lars Norén a été directeur artistique du Riks Drama, la troupe du théâtre national itinérant suédois (Riksteatern), de 1999 à 2007, et a codirigé le Folkteatern de Göteborg à vocation pluridisciplinaire expérimentale, de 2009 à 2011. Invité en 2009 par la Comédie-Française au théâtre du Vieux-Colombier avec Pur, dont il assurait déjà la mise en scène, Lars Norén a répondu en 2018 à la demande de son administrateur général, Éric Ruf, en créant Poussière salle Richelieu, dans une traduction d’Aino Höglund. Autour des retrouvailles de relations de vacances dans une modeste station balnéaire, la pièce évoque les réminiscences du passé, la fin de vie et la mort, thèmes désormais au cœur des interrogations et problématiques de l’auteur, qui considère que le théâtre est une protestation contre la mort.
Lars Norén meurt le 26 janvier 2021 à Stockholm.
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Écrit par
- Jean CHOLLET : journaliste et critique dramatique
Classification
Média
Autres références
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DRAME - Les écritures contemporaines
- Écrit par Jean-Pierre SARRAZAC
- 6 535 mots
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Dans les pièces du Norvégien Jon Fosse (Un jour en été, 1994 ; Rêve d'automne, 1999), comme dans celles de son collèguesuédois Lars Norén (La Force de tuer, 1980 ; Sang, 1995), ce sont les relations les plus intimes au sein du couple et/ou de la famille qui sont exposées dans toute leur... -
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- Écrit par Régis BOYER , Michel CABOURET , Maurice CARREZ , Georges CHABOT , Encyclopædia Universalis , Jean-Claude MAITROT , Jean-Pierre MOUSSON-LESTANG , Lucien MUSSET , Claude NORDMANN et Jean PARENT
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...littérature suédoise sans faire droit à un étrange parallèle avec les lettres norvégiennes, qui sont dominées par le dramaturge Jon Fosse. Ici, il s'agit de Lars Norén (1944-2021), littéralement obsédé par la figure de Strindberg, le grand ancêtre, et qui, consciemment ou non, a tenté de refaire l'œuvre du...