LASCAUX
Études et travaux préliminaires
À la demande de l'abbé H. Breuil, l'abbé A. Glory, son disciple, effectua, de 1952 à 1963, l'analyse et les relevés des peintures et des gravures de la cavité (près de 120 m2 de calques réalisés) qui fut bouleversée : les remplissages et les sols furent défoncés ou abaissés sans étude préalable ni fouille. A. Glory tenta de sauver un maximum d'informations et de témoins archéologiques. Il releva rapidement une quinzaine de coupes, fit des prélèvements de sédiments, de charbons, recueillit du matériel lithique et osseux. En 1960 et en 1961, il put enfin fouiller méthodiquement les remplissages du Puits, et y découvrit parmi d'autres vestiges du Magdalénien un splendide « brûloir » en grès rose : des cendres de conifère et de minuscules brins de genévrier calcinés dans le « fond du cuilleron » témoignent de son utilisation ; sur le manche de ce luminaire, un signe gravé, composé d'un trait principal et de tirets latéraux, parfaitement semblable à d'autres signes peints ou gravés sur les parois de la grotte, ainsi qu'à des signes en tirets gravés sur le fût de sagaies en bois de renne trouvées ici et là dans les galeries, autorise le rapprochement chronologique des documents iconographiques mobiliers bien datés et des documents pariétaux.
Décédé accidentellement en 1966, A. Glory n'avait pu publier ses recherches : Lascaux, la plus célèbre des grottes paléolithiques, était aussi la plus méconnue. En 1975, à l'initiative d'Arlette Leroi-Gourhan, une équipe de chercheurs conduite par André Leroi-Gourhan reprenait l'analyse des représentations gravées et l'ensemble de la documentation accumulée par A. Glory : calques, photos, coupes, prélèvements, industrie lithique et osseuse, parure (16 coquilles), faune (133 vestiges, dont 90 p. 100 de renne), macrorestes végétaux, 160 colorants, 35 lampes en calcaire, 9 en silex, 1 en grès ; en 1979 paraissait une monographie complète signée par Arlette Leroi-Gourhan, J. Allain et seize autres auteurs, Lascaux inconnu. Quarante ans après sa découverte, la grotte était enfin étudiée, dans toutes ses propriétés, naturelles et archéologiques.
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Écrit par
- Patrick PAILLET : docteur en préhistoire, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
- Denis VIALOU : docteur ès lettres et sciences humaines, professeur de classe exceptionnelle au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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