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LÉKAI LÁSZLÓ (1910-1986)

Primat de Hongrie, archevêque d'Esztergom, le cardinal László Lékai est né le 12 mars 1910 à Zalalövő, dans le sud-ouest de la Hongrie, dans une famille chrétienne pratiquante de trois enfants. Son père était un potier aisé. D'origine allemande, il s'est toujours senti hongrois, et, prêtre, il fait changer son nom, Lung, en Lékai. Il fut élève des piaristes, ordre religieux libéral.

Il continue ses études à Rome, au célèbre Collegium germanicum et hungaricum des jésuites, en compagnie de nombreux évêques actuels d'Europe centrale. Ordonné prêtre en 1934, après un doctorat en philosophie à l'Université grégorienne, il retourne dans sa patrie, où il occupe dans son diocèse de Veszprém d'abord un poste de vicaire, puis d'éducateur dans une institution. De 1937 à 1944, il est professeur de théologie au grand séminaire de Veszprém. En 1944, secrétaire de József Mindszenty, alors évêque de Veszprém, il est arrêté et déporté avec lui par les nazis hongrois à Sopronkőhida. Après sa libération par l'Armée rouge le 1er avril 1945, il continue à remplir les fonctions de secrétaire auprès du nouvel évêque de Veszprém, László Bánáss, homme d'esprit moderne. En 1948, il devient curé dans une des plus belles paroisses du pays, à Balatonlelle. En 1957, après la révolution hongroise, il est arrêté par la police politique, qui exerce ainsi une pression sur l'évêque, Bertalan Badalik. Ce dernier l'avait nommé, en effet, chancelier dans les temps relativement libres de 1956. Sa fidélité à Rome et sa loyauté à son évêque le font bannir dans de petites paroisses au fond de la province. C'est à la fin des années 1960 que ses rapports avec l'État se modifient, probablement après que Rome l'eut invité à adopter une attitude plus conciliante envers ce dernier, lequel, de son côté, s'engage dans une nouvelle politique à l'égard de l'Église. Il devient ainsi, en 1969, curé de Badacsonytomaj, près du lac Balaton.

En février 1972, Paul VI le nomme évêque titulaire et administrateur apostolique de Veszprém, puis, en février 1974, administrateur apostolique d'Esztergom. À la fin de 1973, le pape déclare vacant le siège archiépiscopal d'Esztergom, occupé jusqu'alors par le cardinal József Mindszenty en exil ; c'est en 1976 qu'il y nomme László Lékai. Celui-ci, qui est alors fait cardinal, prend pour devise : Succisa virescit (« Une fois coupé, il [l'arbre] peut renaître encore », Job, XIV, 7).

Sans aucun doute, le résultat le plus significatif de sa vie d'évêque a été de réussir à créer par sa « politique des petits pas » un modus vivendi avec les dirigeants communistes hongrois et d'avoir éveillé la sympathie et l'estime — visibles lors de son enterrement — à l'égard de l'Église catholique et de sa propre personne dans une société sécularisée. Il aura à son actif de nombreuses initiatives (constructions d'églises ; cours de théologie par correspondance ; édification d'une maison de retraite et de la chapelle hongroise sous la basilique de Saint-Pierre de Rome ; pastorale des jeunes, des divorcés, des personnes âgées, des alcooliques ; création d'un nouvel ordre de religieuses) et des fondations charitables (maisons de vieillards, d'aveugles, de sourds-muets, d'enfants handicapés moteurs et cérébraux). Animé d'un grand amour pour sa patrie, il s'est voulu un serviteur de la théologie traditionnelle. Malgré cela, il a rencontré beaucoup de critiques, notamment de la part des chrétiens traditionnels ; on lui a reproché de faire des concessions inutiles au pouvoir athée, particulièrement dans l'affaire des objecteurs de conscience des communautés de base du père György Bulányi. En même temps, les chefs des Églises et des États occidentaux, tel le président [...]

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Écrit par

  • : rédacteur en chef aux éditions Herder, maître de conférences à la faculté philosophique des Jésuites (Hochschule für philosophie) à Munich

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