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LA HYRE LAURENT DE (1606-1656)

Peintre français des débuts du classicisme. Laurent de La Hyre est d'abord formé dans un milieu maniériste : son apprentissage s'est fait à Fontainebleau devant les ouvrages de Rosso et de Primatice (il est un de ceux qui n'iront jamais à Rome), puis à Paris dans l'atelier de Georges Lallemant. On remarque ses premières toiles religieuses qui lui valent des commandes pour Notre-Dame et pour le palais de Richelieu. Il subit l'influence du luminisme des caravagesques ainsi que du dynamisme baroque, au contact des peintres français rentrés de Rome vers 1625-1630 (Vouet et Blanchard). Il gardera un certain goût pour la composition aux fortes obliques, comme en témoigne encore son ultime Descente de Croix (1655, musée de Rouen). Pourtant c'est vers des lignes pures qu'il évolue, sans doute à cause de la leçon de Poussin, avant même le provisoire retour de celui-ci en France (1640-1642). Une telle recherche d'un art mesuré, plein de sobriété, a plus d'évidence dans ses tableaux de chevalet (tandis que les grandes compositions religieuses gardent une veine plus expressionniste). La construction de ces sortes de paysages (en réalité des sujets d'histoire mythologique ou biblique) est plus calme et fait preuve d'une réelle sensibilité de peintre face à une atmosphère. Les éléments traditionnels du vocabulaire classique (chapiteaux, colonnes au fût brisé) sont assimilés par la nature. La lumière d'Île-de-France baigne ces œuvres délicates et un peu austères d'une pâle lueur, un peu mélancolique à la façon des toiles de Claude Lorrain. Jacques Thuillier y voit la trace d'un courant qui porte un profond intérêt au paysage en tant qu'expression d'un élément où évoluent les êtres et les objets et qui finit par devenir une source propre d'émotion. La Hyre a connu de son vivant la célébrité qui lui a valu de figurer en 1648 parmi les douze membres fondateurs de l'Académie royale de peinture, mais les réserves faites par Félibien dans ses Entretiens pèseront sur la destinée posthume de l'artiste. La Hyre a fait l'objet d'une réhabilitation grâce aux travaux menés depuis les années 1960 par Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier, et l'ouvrage qu'ils ont publié en 1988, La Hyre, à l'occasion de l'exposition du musée de Grenoble en 1989, est la somme de leurs recherches. Il illustre un classicisme à la fois savant (perspective), sensible (coloris clair, lumière), d'une poésie plus personnelle qu'il n'y paraît au premier abord, où l'Antiquité est source de méditation et d'imagination.

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

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Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

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