MÉDICIS LAURENT DE, dit LAURENT LE MAGNIFIQUE (1449-1492)
Homme d'État florentin, né le 1er janvier 1449 à Florence, mort le 9 avril 1492 à Careggi, près de Florence.
En 1469, à la mort de son père, Pierre de Médicis, Laurent lui succède à la tête de la République de Florence, conjointement avec son frère cadet, Julien (1453-1478), annonçant qu'il va suivre la voie constitutionnelle adoptée par son père et son grand-père. Ce n'est en réalité qu'une façade. En 1471, il prive par exemple les assemblées populaires de tout soutien financier. La tyrannie qu'il exerce sur la république est néanmoins tempérée par les carnavals, bals et autres fêtes que le peuple florentin apprécie tant.
En 1474, la famille des Pazzi obtient la charge de trésorier du Saint-Siège, jusqu'alors tenue par les Médicis, qui réagissent en confisquant une partie de leur fortune aux Pazzi. Ces derniers, soutenus par le pape Sixte IV, son neveu Riario et Francesco Salviati, archevêque de Pise, fomentent alors une conspiration contre les Médicis. Ils projettent d'assassiner Laurent et Julien dans la cathédrale de Florence pendant la célébration pascale du 26 avril 1478, durant laquelle l'archevêque doit leur transmettre la seigneurie. Julien est tué, mais Laurent s'enfuit. L'archevêque aborde maladroitement le gonfalonier, qui le fait exécuter sur le champ. La foule, fidèle aux Médicis, s'empare des conspirateurs et les met en pièces. Sixte IV, oubliant le meurtre de Julien, refuse de considérer autre chose que l'exécution du prélat et menace Florence d'interdiction pontificale si elle ne lui remet pas Laurent. La ville et son clergé rejettent cette proposition. La situation est d'autant plus grave que le roi de Naples Ferrante (Ferdinand Ier) soutient le Saint-Siège. Laurent ne peut compter que sur l'aide très limitée de Milan et sur les encouragements du roi de France. Il se rend alors seul à Naples et parvient à faire céder Ferdinand, avec lequel il conclut la paix. Sixte IV, isolé, ne peut que s'incliner.
Laurent sort grandit du conflit mais, contrairement aux Sforza, ne profite pas de son prestige pour se déclarer duc. Il se contente de créer un Conseil des Soixante-Dix (1480) qu'il espère plus facile à gérer que l'ancien Conseil des Cent. Il se fait construire une nouvelle villa, à Poggio a Caiano, aussi fastueuse qu'un palais royal.
Peu à peu, les Médicis s'approchent du statut qu'ils continuent de refuser. Laurent épouse une Orsini issue de la haute noblesse romaine. Il marie sa fille Madeleine à un fils du pape Innocent VIII et son fils aîné, Pierre, à une autre Orsini. Lorsque son fils Jean atteint l'âge de treize ans, Laurent le fait nommer cardinal (il deviendra plus tard pape sous le nom de Léon X). Laurent demeure un simple citoyen.
Contrairement aux rois, Laurent ne peut cependant pas mener grand train avec des caisses vides. Or, sa fortune s'épuise en raison notamment de la dégradation du climat économique. De nouveaux concurrents surgissent en Europe, et ses filiales commerciales de Londres, Bruges et Lyon font faillite. Ses finances sont surtout mises à mal par sa politique de mécénat auprès d'artistes, d'architectes et d'écrivains. Laurent, dit le Magnifique, contribue plus que tout autre à l'essor de Florence durant la seconde moitié du xve siècle. Il réunit nombre de manuscrits anciens et fonde, pour les conserver, une bibliothèque qui porte désormais son nom. Poète de génie, il rassemble dans ses villas de Careggi, Fiesole et Poggio a Caiano, un cercle d'amis souvent appelé l'Académie platonicienne, regroupant l'érudit Marsile Ficin, l'humaniste Pic de La Mirandole et son protégé, le poète Ange Politien. Laurent prend également sous son aile des artistes tels que Giuliano da Sangallo, Botticelli, Verrocchio et l'élève de ce dernier, Léonard[...]
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