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FABIUS LAURENT (1946- )

Homme politique français, Premier ministre de 1984 à 1986.

Jusqu'en 1988, tout a souri à Laurent Fabius. Né le 20 août 1946 à Paris dans une riche famille d'antiquaires, normalien, énarque, auditeur au Conseil d'État, il s'était fait connaître des téléspectateurs comme brillant participant d'un jeu télévisé au début des années 1970, « Cavalier seul ». À peine entré au Parti socialiste, en 1974, il dirige le cabinet de son premier secrétaire et ne cessera dès lors de bénéficier de la bienveillance et de la protection de François Mitterrand. Député d'une circonscription très à gauche de Seine-Maritime en 1978, porte-parole du P.S., ministre délégué au Budget en 1981, enfin en 1984, à trente-sept ans, il est « le jeune Premier ministre que j'ai donné à la France », dira François Mitterrand.

Il accompagne alors la conversion du P.S. au « modernisme » économique, calme le jeu sur les fronts sociaux et de l'éducation, traverse la tempête suscitée par le sabotage du Rainbow Warrior, en 1985, au prix de la démission de son ministre de la Défense, Charles Hernu. Mais il ne parvient pas à éviter la défaite de la gauche en 1986, même si celle-ci ne subit pas la déroute annoncée. Laurent Fabius fait dès cette époque figure de dauphin de François Mitterrand, qui lui a pourtant préféré le premier secrétaire du P.S., Lionel Jospin, pour mener la campagne des élections législatives. C'est le début d'une violente rivalité entre les deux hommes, qui trouvera son point culminant lors du congrès de Rennes, en 1990. En 1988, François Mitterrand à peine réélu, Jospin barre la route de Fabius pour le poste de premier secrétaire. Ce dernier est néanmoins élu président de l'Assemblée nationale, puis il conduit la liste socialiste aux européennes de 1989, où le P.S. obtient son meilleur score à ces élections : 24,3 p. 100. Sa tentative de prendre le P.S. échoue une nouvelle fois à Rennes, mais Pierre Mauroy lui laisse finalement la place en janvier 1992.

Cela aurait pu être la consécration. C'est au contraire le début d'un calvaire politique. Le jour même de son entrée en fonction, le juge Van Ruymbeke perquisitionne au siège du P.S. dans le cadre de l'affaire Urba sur le financement du parti. Laurent Fabius présidera ensuite à la double déroute des socialistes, aux élections régionales de mars 1992 puis aux législatives un an plus tard. Il sera enfin déposé par Michel Rocard, lors d'un comité directeur que d'aucuns ont appelé « Nuit des petits couteaux », le 6 avril 1993.

Mais il y a surtout l'affaire du sang contaminé, qui le rattrape et ne va plus le lâcher, au moins jusqu'à son acquittement, en mars 1999. En juillet 1992, il est cité avec deux de ses anciens ministres, Georgina Dufoix et Edmond Hervé, comme témoin au procès des principaux acteurs de cette affaire. En octobre, le groupe R.P.R. de l'Assemblée nationale demande sa traduction devant la Haute Cour de justice. En novembre, François Mitterrand le lâche en direct à la télévision, en prônant l'élection des membres de la Haute Cour. Le 17 décembre 1992, après maintes tergiversations, il doit demander lui-même devant l'Assemblée sa mise en accusation « pour, dit-il, des crimes que je n'ai pas commis ».

Le 17 juillet 1998, malgré les réquisitions de non-lieu du procureur général, il est renvoyé avec Georgina Dufoix et Edmond Hervé devant la Cour de justice de la République (qui a remplacé la Haute Cour) pour « homicides involontaires ». Au terme d'un procès jusqu'alors unique en son genre, qui se déroule du 9 février au 9 mars 1999, l'ancien Premier ministre est non seulement relaxé, mais réhabilité par les attendus très favorables du jugement le concernant.

Pour Laurent Fabius, qui a retrouvé avec la victoire de la gauche[...]

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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