LAVOISIER : LES COMBUSTIONS ET LA VIE

Au moment où, en 1772, Antoine Laurent Lavoisier (1743-1794) débute ses expériences sur la combustion, l'opinion des chimistes était dominée par la théorie du phlogistique, un agent assimilable au feu et nécessaire autant à la combustion, à la calcination qu'à la respiration. Lavoisier devait montrer qu'une substance prise dans l'air s'incorporait au métal calciné et en augmentait le poids, expérience répétée sur de nombreuses substances combustibles. Lavoisier nomme « oxygène » cette part de l'air qui s'incorpore au métal calciné ou aux substances issues de la combustion. Le mémoire sur la combustion (Mémoires de l'Académie royale des sciences, 1777, pp. 592-600) détruit la théorie des airs multiples et celle du phlogistique et établit la loi de conservation des masses. La respiration des animaux devenait un cas particulier de la combustion dans lequel les matières nutritives alimentaient un mécanisme de combustion interne utilisant l'oxygène et rejetant « l'air crayeux aériforme » que l'on appellera le gaz carbonique. Ces travaux furent repris en 1783 avec un éreintement de la théorie du phlogistique. La dernière partie du travail de chimiste de Lavoisier sur la rédaction de son Traité élémentaire de chimie, publié en 1789, reprenait de manière claire les notions précédentes. Avec ses recherches réellement fondatrices de la chimie (avec les premiers essais d'analyse élémentaire) mais aussi de la physiologie métabolique des êtres vivants, Lavoisier joua un rôle de médiateur de connaissances, ralliant à ses vues Claude Berthollet, Antoine de Fourcroy et L. B. Guyton de Morveau, avec lesquels la nomenclature chimique fut refondée en 1787 sur une base binaire.

— Gabriel GACHELIN