LAWRENCE sir THOMAS (1769-1830)
Peintre anglais. Bien que Thomas Lawrence ait exécuté quelques peintures d'histoire au début de sa carrière (Homère récitant ses poèmes, exposé en 1791, coll. Kincaid-Lennox, Downton Castle), sa production presque entière se compose de portraits. Lawrence est, dans ce domaine, le successeur immédiat de Reynolds et de Gainsborough, et l'héritier de l'éclatante tradition inaugurée au xviie siècle par les portraits anglais de Van Dyck : le faire brillant, les tons vifs et frais, le répertoire d'expressions et de poses aristocratiques composant l'image idéale de la haute société anglaise, distinguée, luxueuse, rêveuse, sophistiquée et séduisante. Le tempérament personnel de Lawrence, son snobisme, ses dons précoces et irrésistibles s'accordent à cette tradition pour le meilleur et pour le pire et la poussent au paroxysme.
On raconte qu'à l'âge de dix ans Lawrence gagnait déjà sa vie en faisant des portraits. Il entre à l'école de la Royal Academy en 1786, quand Reynolds est au comble de son autorité. Il s'approprie rapidement les formules picturales du maître (Eliza Farren, comtesse de Derby, exposé en 1790, Metropolitan Museum, New York ; George III, exposé en 1792, St Mary's Guildhall, Coventry ; le Général Grey, exposé en 1795, coll. Grey) mais non leur armature doctrinale, et c'est une version à la fois exagérée et comme allégée de l'art de Reynolds qu'il va désormais présenter : plus gracieuse et plus frivole, sans retenue dans la virtuosité, peut-être plus superficielle mais pas toujours moins suggestive. Sa carrière se déroule avec aisance. Il est comblé de commandes et d'honneurs, devient membre de la Royal Academy en 1794, en est élu président en 1820. À la demande de George IV, il peint (entre 1818 et 1820 surtout) l'éblouissante galerie de portraits historiques réunie dans la salle Waterloo du château de Windsor (L'Archiduc Charles, Le Cardinal Consalvi, Pie VII, Charles X, ce dernier peint en 1825, etc.). Mais ses peintures les plus saisissantes représentent la fleur de la gentry anglaise, dont il a été le poète incomparable, entre l'époque de Reynolds et celle des peintres victoriens : Arthur Atherley, exposé en 1792 (Los Angeles County Museum) ; John Allnutt, exposé en 1799 (coll. Sydney Egerton) ; Lord Charles Stewart, exposé en 1813 (coll. du marquis de Londonderry) ; Wellington, qu'il présente à plusieurs époques, en 1814 notamment (Apsley House, Londres) ; Lady Blessington, exposé en 1822 (coll. Wallace, Londres). Il est le peintre par excellence du dandysme en son âge d'or. L'iconographie en avait été en quelque sorte fondée par le portrait de Peckford par Romney (Upton House) et elle devait jeter ses derniers feux avec Whistler. Mais l'efficacité d'un tel art est liée à ses artifices mêmes. Les conventions artistiques, mimant les conventions sociales, produisent des images qui, dans leur sympathie pour le modèle, ne sont pas moins révélatrices que les cruelles dénonciations d'un Goya ; en revanche, appliquées à la nature ou à l'enfance, elles perdent l'essentiel de leur charme (Les Enfants Calmedy, 1824, Metropolitan Museum, New York ; Julia Peel, exposé en 1828, coll. sir George Cooper).
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Écrit par
- Pierre GEORGEL : conservateur en chef du Patrimoine
Classification
Médias
Autres références
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ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture
- Écrit par Jacques CARRÉ et Barthélémy JOBERT
- 8 176 mots
- 12 médias
...d'étonnants portraits de groupe ténébristes (Expérience sur un oiseau dans la machine pneumatique, vers 1768, Tate Gallery, Londres). Le second, Thomas Lawrence (1769-1830), allie la théâtralité de Reynolds à la virtuosité technique de Gainsborough dans des portraits pleins de vitalité et d'élégance....