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HOCHE LAZARE (1768-1797)

Né à Versailles, fils d'un palefrenier du roi. Fusilier puis caporal aux gardes françaises, Lazare Hoche, pendant ses heures de loisir et de congé, confectionne des ouvrages de dentelle qu'il vend pour avoir de quoi s'acheter des livres ; passionné surtout de Plutarque et de Rousseau, il acquiert une solide instruction. Ardemment « patriote », il entraîne ses camarades à la prise de la Bastille, puis devient sergent dans la garde nationale parisienne et entraîne son bataillon à marcher sur Versailles en octobre 1789. Il poursuit son instruction militaire et, en même temps, prend part à l'action politique ; il correspond avec Marat, qui publiera des textes de lui dans L'Ami du peuple, et restera toujours son fervent admirateur. Il sert comme capitaine à la défense de Thionville en septembre 1792 puis passe à l'armée du Nord, où il s'oppose à la trahison de Dumouriez. En octobre 1793, il est nommé le même jour général de division et commandant en chef de l'armée de la Moselle ; le 26 décembre, il remporte l'éclatante victoire du Geisberg, qui sauve l'Alsace. Mais il s'est attiré la jalousie de Pichegru et l'inimitié de Saint-Just ; de plus, ses sympathies maratistes vont aux Cordeliers contre les robespierristes ; après la chute des hébertistes, il est destitué et emprisonné.

Libéré après le 9-Thermidor, Hoche est nommé au commandement des armées de l'Ouest, peu à peu réunies entre ses mains. Par ses mesures à la fois militaires et politiques, sachant être tolérant sans cesser d'être révolutionnaire, il jugule la chouannerie, bat les émigrés à Quiberon et réussit à pacifier la Vendée. En 1796, il est nommé au commandement de l'armée d'Angleterre ; en liaison avec les menées insurrectionnelles de l'Irlandais Wolfe-Tone, avec lequel il sympathise, il prépare un débarquement en Irlande ; une tempête et les hésitations de Grouchy font échouer l'expédition. En février 1797, il est nommé au commandement de l'armée de Sambre-et-Meuse et est vainqueur à Neuwied (18 avril) ; seul, l'armistice de Leoben arrête son offensive. Hoche se consacre alors à promouvoir une république cisrhénane indépendante, qui serait le noyau et le ferment d'une révolution proprement germanique, plutôt que d'annexer la rive gauche du Rhin à la France. Le péril que les royalistes clichyens font courir à la République le décide à intervenir, de concert avec Bonaparte ; il dirige vers Paris quinze mille hommes qui, avec Augereau (envoyé par Bonaparte), permettront le coup d'État du 18 fructidor. Quelques jours après, Hoche meurt à son quartier général de Wetzlar, d'une maladie mal diagnostiquée (certains ont suspecté un empoisonnement).

De tous les généraux de la Révolution (Bonaparte excepté), Hoche était sans doute celui dont les capacités politiques étaient les plus remarquables et auquel ses différents commandements avaient fourni la meilleure expérience d'homme d'État. Dénué de toute ambition personnelle, il était, par son génie militaire et sa sincérité révolutionnaire, le seul homme de taille à barrer la route au futur empereur. « Contre Bonaparte, Hoche aurait eu une chance, dira l'un de ses officiers : il était aimé. » Jugement qui appelle une des maximes favorites de Hoche lui-même : « Pour être aimé, il faut aimer. »

— Jean MASSIN

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