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CARNOT LAZARE NICOLAS MARGUERITE (1753-1823)

Lazare Carnot - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Lazare Carnot

Dans les manuels d'histoire, la grande figure de l'« Organisateur de la victoire » plane, seule respectable, bien au-dessus des figures sanguinaires de la Révolution. Fils d'un avocat et notaire bourguignon, Lazare Carnot fait de bonnes études secondaires à Autun, entre à dix-huit ans à l'École du génie de Mézières, arrive en garnison en 1783 comme capitaine à Arras, y fréquente Robespierre. Chaud partisan de la Révolution, il est élu à la Législative puis à la Convention. Il y siège du côté gauche, n'hésite pas à voter la mort de Louis XVI, mais se tient à l'écart des Jacobins. Il s'est fait remarquer par son efficacité dans des missions militaires ; c'est à l'officier de carrière et au spécialiste des techniques de la guerre qu'on fait appel en août 1793 pour entrer au Comité de salut public ; il y accomplit fort bien une tâche considérable et n'hésite pas à payer de sa personne : à Wattignies, il charge en tête des troupes aux côtés de Jourdan. La Révolution lui est redevable des victoires de l'an II.

Il faut néanmoins préciser deux points. Carnot ne fait pas de la guerre son « domaine réservé ». De même, il n'abandonne pas la politique intérieure à ses collègues. Si ses relations avec Robespierre et Saint-Just s'aigrissent au printemps de 1794, c'est qu'en politique intérieure il est moins démocrate qu'eux. De la grande équipe de l'an II, il sera le seul à ne pas être inquiété, et c'est alors que les thermidoriens l'appelleront l'Organisateur de la victoire afin de le soustraire aux poursuites engagées contre ses collègues encore survivants.

Logiquement, son évolution à droite va s'accentuer. Élu membre du Directoire exécutif en octobre 1795, Carnot y prend l'initiative des poursuites contre Babeuf et ses amis, les traque avec acharnement, organise la provocation du camp de Grenelle et en fait exécuter illégalement les inculpés. Il revendique à présent la haute main sur les opérations militaires : longtemps hostile aux plans de Bonaparte pour la campagne d'Italie, il devra se résigner à lui laisser carte blanche sous la pression de Barras ; mais il tient à lui donner des instructions bien précises sur l'exploitation des richesses de l'Italie. Dans son entourage immédiat, les techniciens militaires se trouvent de plus en plus souvent recrutés parmi les royalistes ; Carnot en vient à favoriser (sans se l'avouer tout à fait ?) la tentative de restauration monarchiste des « clichyens ». Lors du coup d'État de Fructidor, il se dérobe de justesse à l'arrestation et va vivre en Allemagne.

Bonaparte le rappelle en France après le 18-Brumaire ; sans rancune, il en fait son ministre de la Guerre d'avril à octobre 1800, puis s'en sépare, constatant que Carnot regroupe autour de lui certains éléments oppositionnels. Membre du Tribunat en 1802, Carnot y est le seul à voter contre l'établissement de l'Empire. Il se remet à la disposition de l'Empereur. En janvier 1814, Napoléon le nomme général de division et le charge de défendre Anvers. Carnot s'en acquitte bien, puis se propose en vain à Louis XVIII. Il publie, en juillet 1814, un Mémoire au roi qui le brouille avec la Restauration. Aux Cent-Jours, Napoléon lui confie le ministère de l'Intérieur pour se concilier l'opposition de gauche. Membre du gouvernement provisoire en juin 1815, Carnot se laisse manœuvrer et évincer par Fouché. C'est à Varsovie qu'ira Carnot, sur l'invitation du tsar, puis à Magdebourg sur l'invitation du roi de Prusse. Il y résidera jusqu'à sa mort, partageant son activité entre l'étude et l'éducation de son fils Hippolyte (Léonard Hippolyte, 1801-1888), frère cadet de Sadi (Nicolas Léonard Sadi, 1796-1832, illustre[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, chargé de recherche au C.N.R.S.

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Lazare Carnot - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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