CÁRDENAS LÁZARO (1895-1970)
Homme d'État mexicain, Lázaro Cárdenas del Río fut président du Mexique de 1934 à 1940.
Né le 21 mai 1895 à Jiquilpán, dans l’État de Michoacán, sa condition modeste ne lui permet guère d'aller à l'école et, encore adolescent, Lázaro Cárdenas s'engage dans l'armée. C'est l'époque tumultueuse de la révolution mexicaine. Il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire jusqu'au grade de général et sera l'un des derniers survivants de la « vieille garde ». Peu à peu, Cárdenas est amené à s'intéresser à la politique : en 1928, il est élu gouverneur du Michoacán, poste qu'il occupe jusqu'en 1932 et auquel il avait déjà été nommé à titre provisoire en 1920. En 1930, Cárdenas est président du Parti national révolutionnaire qui deviendra, en 1938, le Parti de la révolution mexicaine, puis, en 1946, le Parti révolutionnaire institutionnalisé (PRI). En 1931, il est nommé ministre de l'Intérieur par le président Pascual Ortiz Rubio puis ministre de la Guerre et de la Marine en 1933. Ses amitiés politiques – il était assez lié avec les principaux dirigeants révolutionnaires Obregón, Calles et Carranza –, mais surtout son intégrité valent à Cárdenas d'être élu président de la République en 1934, à une écrasante majorité (plus de 98 % des suffrages), pour un mandat de six ans. Le Mexique avait besoin d'une période de répit pour se remettre des décennies de troubles qu'il venait de vivre entre les pronunciamientos, les rébellions militaires, les révoltes paysannes de Pancho Villa, d'Orozco et de Zapata, les rivalités intestines qui ne cessaient d'opposer les principaux protagonistes de la révolution, et la guerre des Cristeros qui déchira le pays de 1926 à 1929 : c'est Cárdenas qui est l'artisan de la réconciliation et de l'apaisement.
Très au fait des réalités mexicaines, Cárdenas s'emploie à améliorer les conditions de vie des plus démunis et entend respecter scrupuleusement les dispositions de la Constitution de 1917 en favorisant l'implantation d'une démocratie plus réelle. Le plan sexennal qu'il propose d'emblée s'attache d'abord à l'application de la réforme agraire : durant son mandat, huit cent mille petits paysans se verront attribuer quelque seize millions d'hectares. Jamais au Mexique la réforme agraire n'a connu un tel rythme, ni avant ni après Cárdenas. Il encourage également les communautés agricoles indigènes (ejidos), accordant une attention particulière à la promotion d'expériences agricoles de grande envergure dans le Yucatán, le Michoacán et le Sonora notamment. Favorable à l'organisation des ouvriers, il permet aux syndicats de consolider leurs assises dans différents secteurs économiques. Alors que sa réputation de libéralisme suscitait les critiques de ses adversaires, il s'est aussi efforcé de calmer la vague d'anticléricalisme qui sévissait dans le pays depuis la révolution.
En politique étrangère, Cárdenas s'attache avant tout à faire respecter la souveraineté nationale mexicaines : cette volonté délibérée l'amène à accomplir un coup d'éclat en 1938 en nationalisant le pétrole et en expropriant du même coup les compagnies étrangères par la création de la société nationale Pemex (Petróleos Mexicanos). Même si les intérêts économiques étaient secondaires dans cette décision de Cárdenas, ce geste provoqua la colère des entreprises américaines touchées, et Washington décréta des sanctions contre le Mexique pour le contraindre à payer des dédommagements aux firmes expropriées. Fort de l'appui populaire, Cárdenas tient bon et le Mexique devient ainsi le premier pays latino-américain à reprendre en main le contrôle de ses richesses naturelles. Par ailleurs, Cárdenas prend position contre la montée du fascisme et du nazisme,[...]
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Écrit par
- Jean-Claude BUHRER : journaliste
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
Autres références
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MEXIQUE
- Écrit par Jacques BRASSEUL , Henri ENJALBERT , Encyclopædia Universalis , Roland LABARRE , Cécile LACHENAL , Jean A. MEYER , Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA et Philippe SIERRA
- 33 396 mots
- 18 médias
Il faut croire que le général Cárdenas avait bien caché son jeu, puisque, candidat de Calles, son élection allait signifier l'exil de ce dernier (non pas la fin du callisme, qui, modernisé, continue encore de nos jours). Un an après son élection, Cárdenas se débarrassait de son patron. Connaissant la...