CAIRE LE
Capitale de l'Égypte, Le Caire, quinzième ville du monde avec ses 16 millions d'habitants en 2010 et plus grande ville d'Afrique comme du monde arabe, connaît un renouvellement marqué par la stabilisation démographique, la mise à niveau de ses infrastructures majeures, l'affirmation de ses fonctions de commandement comme de son statut de capitale culturelle, riche d'un patrimoine islamique sans égal, villes aux mille minarets, et proche de sites pharaoniques majeurs. Les trois pyramides de Giza (Gizeh) surplombent, à l'ouest, la ville arrivée jusqu'au pied du plateau.
Le Caire occupe un site clé autour duquel se joue le contrôle de l'Égypte depuis des millénaires ; Onou, cité prépharaonique (4000 av. J.-C.) deviendra Héliopolis, sur les marges nord-est de la ville actuelle, puis s'imposera Memphis (2800 av. J.-C.), sur la rive ouest du Nil, à 30 kilomètres au sud. Puis vint le temps de Fostat en 642 et, successivement, d'al-Askar et d'al-Qahira, selon une extension historique du sud au nord, bordée à l'est par les cimetières. En 1800, Le Caire s'étend sur 900 hectares et ne dépasse pas 270 000 habitants, loin de son rayonnement médiéval, quand elle s'imposait parmi les cinq plus grandes villes du monde.
Le site du Caire exploite, à la fois, des terrasses alluviales non inondables proches du fleuve, source vitale en eau et axe de communication et, en retrait à l'est, un promontoire, le Moqattam (180 mètres), dont les pentes seront exploitées comme site défensif. Plus que le site, la position de commandement du Caire s'impose à l'échelle de l'Égypte ; les eaux du Nil ne s'y sont pas encore dispersées dans le delta. Toutes les personnes et les marchandises circulant entre le Nord et le Sud y passent forcément. Avant l'ouverture du canal de Suez (1869), tous les commerces entre la Méditerranée, la mer Rouge et l'océan Indien – les épices, le café, les tissus et les esclaves – faisaient l'objet d'une intense activité de valorisation dans les souks du Caire.
Fondation de la ville
Le Grand Caire, selon l'expression des voyageurs européens, fut dès sa création une capitale politique. Foyer du shi‘isme, il inquiétait le monde sunnite, et une sorte de cordon sanitaire tenta de restreindre son influence. Aussi, bien des rivales existaient : Bagdad, le vieux pôle de l'Islam, qui avait supplanté Damas ; Cordoue, dispensatrice d'une civilisation hors de pair. Au xive siècle, sous les sultans mamlouks, Le Caire devient métropole universelle, tout en demeurant un centre de culture, et reste, par sa prospérité commerciale, le point de mire de l'Europe.
La première capitale de l'Égypte islamique, Fostat (du grec phossaton, « camp retranché »), avait bientôt fait figure de grande ville, avec sa mosquée, qu'il fallut rapidement agrandir. Dès l'avènement à Bagdad de la dynastie abbasside (749), les préfets ne se sentirent plus en sécurité à Fostat et s'installèrent au nord, en un lieu dit al-Askar (le « camp »). En instituant un pouvoir autonome, Ahmed ibn Tulun (870) fonda, plus au nord, sa propre cité palatine : sa mosquée, qui existe encore, en précise l'emplacement. La raison de ces divers déménagements fut donc le souci de loger à l'abri des émeutes les chefs responsables, et la création du Caire relève de cette même explication. La ville nouvelle fut créée de toutes pièces dans une plaine sablonneuse, au nord des agglomérations précédentes. La première nuit de son arrivée à Fostat, le commandant des armées fatimides, Djarshar, fit tracer l' enceinte du Caire et poser les fondations du palais califien sur des plans dressés en Afrique du Nord par le calife lui-même. Un horoscope heureux avait été étudié et, sur le parcours des futurs remparts, des pieux furent plantés,[...]
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Écrit par
- Éric DENIS : chargé de recherche au C.N.R.S.
- Gaston WIET : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
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