CAIRE LE
Le Caire depuis le XIXe siècle
Une métropole promue
Ville structurée autour d'une succession de fondations princières, Le Caire s'étend encore aux xixe et xxe siècles par accrochage de quartiers nouveaux. Le khédive Mohamed Ali, avec ses ingénieurs sensibilisés en Europe aux enseignements des hygiénistes, s'emploie à dégager les cimetières hors de la ville, à assécher les étangs, à élargir les rues et à mettre en œuvre les premiers drainages sanitaires. La création de l'allée plantée de Choubra, conduisant au pavillon de plaisance du khédive, ouvre le nord du Caire aux lotisseurs. Avec ses successeurs, l'offre de terrains à lotir s'étend encore. Le khédive Ismaïl, promoteur du canal de Suez, met en œuvre une gigantesque entreprise de viabilisation portant sur 250 hectares de terrains inondables entre le Nil et la vieille-ville. Le Caire ismaïlien s'impose rapidement comme le centre fonctionnel avec ses immeubles de rapport sur lesquels les plus grands architectes européens vinrent imprimer leur marque. En parallèle, des percées sont ménagées dans la vieille-ville, en particulier dans l'axe de la citadelle. La rive ouest s'ouvre à l'urbanisation. Le premier pont est inauguré en 1891. La ville en compte maintenant neuf. À Doqqi et Giza, l'université et le zoo structurent de nouveaux quartiers où s'affichent d'imposants palais, bientôt remplacés par des villas, auxquelles ont succédé depuis lors de hauts immeubles de standing qui forment aujourd'hui un couloir quasi continu de part et d'autre du Nil. Au passage, les îles de Roda et de Zamalek ont été incorporées à cet urbanisme privé, affichant l'opulence des maîtres de l'Égypte libérale, des pachas associés à la puissance anglaise occupante après 1882.
Plus à l'est, à partir de 1905, une oasis urbaine de standing est fondée à Héliopolis, à l'écart de l'agglomération. Elle y est reliée par un tramway dont le promoteur, le baron Empain, avait la concession. Son succès est rapide. Aujourd'hui, c'est toujours un quartier aisé, proche de l'aéroport, des clubs d'officiers et de la présidence, mais un quartier dans la ville.
Une métropole débordée
Après 1952, la jeune république socialiste planifie deux quartiers mixtes (affaires, administration et résidence) : Mohandesin (les ingénieurs), sur la rive ouest, et Medinet Nasr à l'est. Elle promeut aussi de nombreux programmes de logements sociaux, surtout à proximité des sites industriels qui sont alors au cœur de la stratégie de non-alignement et d'indépendance de l'Égypte. Les conglomérats de l'acier et du ciment, mais aussi de l'armement, recomposent radicalement le sud de l'agglomération et l'étendent jusqu'à Tebbin qui s'impose comme le premier bassin d'emplois industriels du pays. Sur l'arc nord-est de l'agglomération, l'industrie textile, déjà présente, se développe fortement. Les quartiers ouvriers n'ont de cesse de filer plus au nord. L'agglomération s'étend dès lors sur trois provinces : le Caire, Giza à l'ouest et Qalyubiya au nord. Une municipalité du Caire apparaît en 1949 mais, après 1960, la gestion revient entre les mains d'un exécutif non élu. Chaque province est administrée séparément par un gouverneur ; alors que le périmètre du Grand Caire, qui sera défini dans les années 1970, ne sert qu'une coordination technique dépendant des ministères compétents, notamment pour les transports publics.
C'est aussi à cette époque (entre 1940 et 1960) que le Caire s'affirme comme la capitale du monde arabe, devenant le centre du panarabisme qui s'imposera dans le mouvement des non-alignés, porté par les discours enflammés de Nasser, par la voix d'Oum Kalthoum et par le cinéma égyptien. C'est ici que s'invente[...]
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Écrit par
- Éric DENIS : chargé de recherche au C.N.R.S.
- Gaston WIET : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France
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Médias
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