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LE CONTE DES CONTES, Giambattista Basile Fiche de lecture

Du grotesque au sublime

Le Conte des contes, c'est donc un conte qui engendre des contes, dans une parturition débridée. Aucune thématique imposée, contrairement à Boccace. Ici, chaque héros ou héroïne effectue, comme Zoza, un parcours initiatique confirmant sa vertu ou fustigeant ses vices. L'auteur alterne avec bonheur le grotesque et le sublime. Nombreux sont les récits fortement ancrés dans l'espace napolitain, centrés sur des personnages plébéiens ou bourgeois, modèles d'ingénuité, de niaiserie ou de roublardise. Les conteuses de Basile excellent aussi dans le tableau scatologique ou sanglant. Zezolla, Cendrillon basilienne, tue froidement la femme de son père sur les conseils perfides d'une gouvernante qui lui infligera à son tour les tourments qu'on connaît (La Chatte des cendres). Parallèlement, héros et héroïnes s'élèvent jusqu'à la gravitas : tragique est la fin de Renza qui, contrainte d'assister aux ébats amoureux de son amant oublieux et de sa rivale, se perce le sein au pied du lit nuptial (Blanc visage).

La genèse de l'écriture du Conte des contes reste un mystère. Il faut supposer une rédaction progressive autour de 1624-1625, à partir de récits oraux que Basile aurait récoltés alors qu'il était administrateur dans les provinces napolitaines. Ainsi trouve-t-on dans les contes de Basile tout le répertoire futur de Perrault, de Brentano ou de Grimm, avec, comme décor, « Naples la belle ».

Auteur à la double personnalité, membre de l'Académie des Oisifs, Basile est un « aventurier de la plume », à la recherche de nouvelles expressions littéraires. Le Conte des contes s'inscrit dans une activité de lexicographe et de poète courtisan dont il constitue la somme. Dans la tradition baroque du concettismo, mais en l'enrichissant par l'utilisation du dialecte, Le Conte des contes est avant tout un exercice de style jubilatoire, où la collection des histoires n'est que le prétexte à la démonstration de la virtuosité poétique de l'auteur.

— Françoise DECROISETTE

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  • BASILE GIAMBATTISTA (1575-1632)

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    • 851 mots

    Napolitain engagé dans l'armée vénitienne, c'est lorsqu'il se trouvait en garnison dans l'île de Candie, que Giambattista Basile fut admis à l'Académie des extravagants, fondée par le noble vénitien Andrea Cornaro. Rentré dans sa patrie en 1608, il ne quittera plus le territoire de Naples que...