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LE DÉCALOGUE, film de Krzysztof Kieslowski

Krzysztof Kieslowski (1941-1996), diplômé de l'école de cinéma de Lódz, entame une carrière de cinéaste en Pologne vers la fin des années 1970. Il réalise une vingtaine de courts-métrages, essentiellement des documentaires pour la télévision : Le Tramway (Tramwaj, 1966), L'Usine (Z miasta Lodzi, 1968), La Fabrique (Fabryka, 1971), Curriculum Vitae (Zyciorys, 1975), La Gare (Dworzec, 1980), etc. Ses longs-métrages s'intéressent encore au rapport de l'humain à la société : Personnel (1976), La Cicatrice (Blizna, 1976), Le Hasard (Przypadek, 1987). Il appartient à un groupe de jeunes réalisateurs, « les cinéastes de l'inquiétude morale ». Dans les années 1980, il s'associe à un avocat, Krzysztof Pieslewicz, pour écrire le scénario d'une série de moyens-métrages mettant en scène des cas juridiques. Ces récits, composés sur le thème des dix commandements bibliques, constitueront la trame du Décalogue (Dekalog). Destinés à la télévision polonaise, ils demandèrent onze mois de tournage. Dans sa référence implicite au mal, ce film reflète en une série de dix volets, une réalité disloquée de la Pologne des années 1980.

Paraboles modernes

Le Décalogue rassemble dix préceptes moraux à l'usage du monde d'aujourd'hui. Les épisodes, indépendants les uns des autres, sont interprétés par différents comédiens. Les liens entre eux se font par une même localisation géographique et chronologique autour de Varsovie à la fin des années 1980. Selon le scénariste, les dix récits illustrent « l'homme contemporain vivant en communauté, mais selon une éthique individualiste ».

« Un seul Dieu tu adoreras » met en scène la noyade d'un enfant de onze ans, habitant avec son père, informaticien enfermé dans la toute-puissance de la raison. Dans « Tu ne commettras point de parjure », une femme, dont le mari est gravement malade, se trouve enceinte d'un autre homme, mais s'engage à avorter si son mari guérit. « Tu respecteras le jour du Seigneur » est l'histoire d'un renoncement. Un soir de Noël, un père de famille marié est harcelé par une maîtresse délaissée. « Tu honoreras ton père et ta mère » s'attache aux relations troubles parents-enfants. La lettre d'une mère disparue introduit un doute de paternité au cœur d'un lien intense entre un père et sa fille. « Tu ne tueras point » est traité sur le modèle de Crime et Châtiment de Dostoïevski : un garçon pauvre des banlieues est condamné à mort pour avoir assassiné sauvagement un chauffeur de taxi. « Tu ne commettras pas le péché de luxure » raconte la brève histoire d'amour d'un adolescent postier qui observe de sa fenêtre, à la longue-vue, une femme aux mœurs légères dont il tombe amoureux. « Tu ne voleras pas » met en scène une mère, directrice d'école, qui se déclare la mère de l'enfant de sa propre fille, pour éviter le scandale. « Tu ne mentiras point » relate l'histoire d'une femme d'âge mûr, professeur d'éducation civique, qui voit surgir, quarante ans après la guerre, l'enfant juive qu'elle avait envoyée en camp pour ses mensonges. Le commandement « Tu ne convoiteras pas la femme d'autrui » est illustré par un chirurgien, frappé d'impuissance sexuelle, dont la femme est sur le point de le quitter, et qui découvre qu'elle a un amant. « Tu ne convoiteras pas les biens d'autrui » est le récit de deux frères qui, à la mort de leur père, sont gagnés par sa passion de collectionneur, et deviennent des philatélistes assidus.

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Écrit par

  • : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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