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LE DIVAN OCCIDENTAL-ORIENTAL, Johann Wolfgang von Goethe Fiche de lecture

Johann Wolfgang von Goethe - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Johann Wolfgang von Goethe

Goethe (1749-1832) commença à concevoir sa dernière grande œuvre poétique dans l'été 1814. Il avait alors soixante-cinq ans. Depuis les Affinités électives (1809), il s'était consacré pour l'essentiel à la composition des trois premiers livres de ses Mémoires, Poésie et vérité, et à des travaux scientifiques (la Théorie des couleurs, en particulier) qui, aux yeux de ses amis et de ses admirateurs, l'avaient détourné de sa production littéraire. L'année 1814 marque également la fin des guerres napoléoniennes : Goethe voit avec soulagement se terminer une période durant laquelle ses propres positions – en particulier son admiration pour Napoléon – sont restées incomprises, tandis que lui-même assistait avec tristesse et colère au déchaînement de passions nationales qui accompagnait en Allemagne les guerres de libération. La paix et la liberté de voyager retrouvées, la découverte des poésies de Hāfiz, poète persan du xive siècle, dans la traduction de Hammer-Purgstal, l'idylle de la Gerbermühle, maison de campagne des Willemer près de Francfort et la relation amoureuse avec Marianne von Willemer dans l'été 1815 vont susciter un regain de l'inspiration poétique chez l'écrivain.

Du Rhin à l'Euphrate

Écrit à partir de la fin 1814 et surtout durant l'année 1815, le Divan occidental-oriental fut publié en 1819. En 1827, Goethe en donna une deuxième édition augmentée. À cette édition de 1827 se sont ajoutés, à titre posthume, des poèmes qu'il n'avait pas jugé bon de publier de son vivant. Dès l'édition de 1819, il avait inséré au volume une importante partie explicative et documentaire « Notes et études pour une meilleure compréhension du Divan occidental-oriental » qui témoigne de l'ampleur et de la variété des connaissances qu'il avait acquises durant les cinq années précédentes et qui synthétisent l'orientalisme alors en plein essor dans toute l'Europe.

Le titre de ce cycle poétique, divisé en douze livres correspondant à des ensembles thématiques, indique clairement que Goethe place son œuvre sous le signe de la rencontre interculturelle entre Occident et Orient. Dans une annonce préliminaire du livre, en février 1816, il expliquait son projet en ces termes : « Le poète se considère comme un voyageur. Il vient d'arriver en Orient. Il s'émerveille des mœurs, des usages, des objets, des conceptions et des opinions religieuses, on peut même dire qu'il ne refuserait pas qu'on le soupçonnât d'être lui-même un musulman. » À cette rencontre entre deux aires culturelles, que sous-tend la volonté d'affirmer une ouverture à la Weltliteratur, à la littérature universelle, contre les nouvelles sensibilités nationales qui se font jour parmi ses contemporains, correspond un ton de conversation qui n'a plus rien de commun avec le subjectivisme et l'individualisme des années werthériennes de Goethe. Selon une vieille tradition européenne, c'est de l'Orient que reviennent la sagesse et l'inspiration poétique en Occident, sous la forme d'une nouvelle jeunesse pour le vieux poète : « Nord, Ouest et Sud volent en éclats,/ Les trônes se brisent, les empires tremblent :/ Sauve-toi ; va dans le pur Orient/ Respirer l'air des patriarches ! » L'Orient est synonyme ici de raffinement, de maturité, de maîtrise, de tradition intacte et de profondeur, alliées à une grande sensualité et à l'art de vivre d'une haute civilisation.

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