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LE GRAND MEAULNES, Alain-Fournier Fiche de lecture

La « recherche de l'absolu »

Le 1er juin 1905, le jour de l'Ascension, sortant d'une exposition au Grand-Palais, Alain-Fournier est frappé par la beauté d'une jeune fille, Yvonne de Quiévrècourt, dont la grâce répond à son idée romantique de l'amour, forgée à la lecture de la poésie de Jules Laforgue (1860-1887) et du roman de Francis Jammes, Clara d'Ellebeuse (1899). Alain-Fournier n'aura avec elle que de très brèves rencontres, jusqu'à ce jour de 1907 où il apprendra son mariage. Événement capital dans l'existence si brève d'Alain-Fournier, cette passion presque impossible, à la frontière du rêve, va donner naissance au Grand Meaulnes : le personnage d'Yvonne de Galais cristallise cette pureté de l'idéal féminin, de même qu'Augustin Meaulnes incarne la soif d'absolu de son auteur.

Le charme du Grand Meaulnes tient aussi à la féerie d'une prose qui allie réalisme et magie, quotidien et merveilleux. Fils d'instituteurs d'une petite commune du Berry, Alain-Fournier avait une parfaite connaissance du milieu rural qui caractérisait une France encore immobile, à peine sortie d'un xixe siècle, où la magie et les sortilèges de la campagne étaient encore tels que les décrivait George Sand. En inscrivant les aventures mi-imaginaires mi-réelles d'Augustin Meaulnes et de François Seurel dans un petit village de Sologne, Alain-Fournier évoque le paysage de son enfance, un quotidien propice au surgissement du merveilleux, à l'« épanchement du songe dans la vie réelle ».

Dans le prestige toujours intact que conserve Le Grand Meaulnes auprès de générations de lecteurs, on doit bien sûr faire la part de séduction exercée par le génie adolescent d'Alain-Fournier, auréolé d'une gloire ravie prématurément par la mort. Unique roman d'un écrivain fauché par la Première Guerre mondiale, Le Grand Meaulnes incarne une certaine idée de l'amour, une « recherche de l'absolu » – que l'on retrouve par ailleurs dans sa correspondance avec Jacques Rivière –, une quête mystique, qui rappellent à bien des égards l'œuvre de Nerval.

— Alain CLERVAL

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  • ALAIN-FOURNIER HENRI-ALBAN FOURNIER dit (1886-1914)

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    « Quelque chose désespérément me réclame et toutes les routes de la terre m'en séparent. » Alain-Fournier et Augustin Meaulnes, le héros du Grand Meaulnes (1913), se rejoignent dans cette phrase. Les analogies entre la vie de celui qui prit, en 1907, juste après la khâgne, le pseudonyme...