HAVRE LE

Le Havre, chef-lieu d'arrondissement de la Seine-Maritime, est avant tout un très grand port. La ville, la plus peuplée de Normandie, compte 175 788 habitants (2012) et l'agglomération, au deuxième rang après celle de Rouen, 238 421 hab. Le port du Havre fut créé tardivement, en 1517, sur ordre du roi François I^er. Au moment où s'ouvraient les routes maritimes de l'Atlantique, il devait assurer une présence militaire et commerciale en tête de l'estuaire de la Seine et en complément de Rouen, beaucoup plus ancien, situé en amont de trois grands méandres. Longtemps Le Havre végéta : une petite ville étriquée et malsaine derrière ses remparts, un port connaissant de longues périodes de stagnation entrecoupées de bonnes fortunes avec la guerre de course, le commerce triangulaire vers l'Afrique et les îles tropicales, la grande pêche, notamment à la baleine... Le Havre s'imposa vraiment dans la seconde moitié du xix^e siècle, grâce au commerce du coton, du café, des produits tropicaux et par le trafic des paquebots transatlantiques vers New York. Ces activités se prolongèrent jusque dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale.

Un double traumatisme devait profondément transformer le port et la ville. En septembre 1944, de terribles bombardements précédèrent la libération de la cité dont le centre fut totalement détruit. La reconstruction, assurée par Auguste Perret, fit du Havre une ville très contemporaine, selon un quadrillage urbain rigoureux et avec la prédominance du béton comme matériau, inscrite au Patrimoine mondial de l’U.N.E.S.C.O. en 2005. Un peu plus tard, la crise des activités traditionnelles du port, en premier celle des paquebots, orienta Le Havre vers les transports de masse, le pétrole et les conteneurs. Le Havre moderne – vieux remparts abattus, ville très étendue, port bien équipé de bassins à flot et de bassins de marée – était né.

Le port du Havre, en 2014, se classe au cinquième rang des ports nord-européens et au deuxième des ports français derrière Marseille, qu'il devance pour les conteneurs et le commerce extérieur mais qui le précède pour le pétrole. Le trafic total des marchandises s'élève à 67,574 millions de tonnes (2014). Le Havre bénéficie d'un triple avantage : d'excellentes conditions nautiques (il est accessible en permanence aux plus gros navires), des équipements remarquables et une situation avantageuse à l'entrée de la Manche en direction de la mer du Nord... Mais, en dépit des autoroutes A29 et A13 et de l'ouverture du pont de Normandie en 1995, il est handicapé par de médiocres relations avec son hinterland et par la concurrence des grands ports du « range » de la mer du Nord (Anvers, Rotterdam, Hambourg), plus proches des régions les plus peuplées d'Europe. Le Havre cultive ses avantages par des travaux incessants, les derniers étant une grande extension sur l'estuaire, « Port 2000 », afin d'augmenter les capacités d'accueil et la rapidité de manutention pour les porte-conteneurs.

Le Havre est devenu, en prolongement du port, une grande ville industrielle dès le xix^e siècle. Mais les activités traditionnelles havraises, notamment la construction et la réparation de navires, ont complètement disparu, plongeant l'agglomération dans une très grave crise de chômage qui s’atténue au début du xxi^e siècle. De grandes industries subsistent cependant, notamment dans la zone industrielle du marais d'estuaire : raffinage du pétrole et pétrochimie (groupe Total), automobile (Renault), cimenterie, aéronautique (Groupe Safran, fournisseur d'Airbus)... La population havraise, très cosmopolite, melting-pot aux origines normandes, bretonnes, hispaniques, maghrébines, sénégalaises..., est fortement marquée par une prolétarisation ancienne, une tradition de lutte de classes, une culture peu[...]