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LE JARDIN PLANÉTAIRE (exposition)

En écrivant Thomas et le voyageur, esquisse du jardin planétaire (Albin Michel, Paris, 1997), Gilles Clément ne pensait pas que ce roman conduirait en 1999 à une attachante et fort belle exposition dans la Grande Halle de la Villette.

Ce paysagiste, botaniste de terrain (ce qui est rare dans la profession), à qui Dominique Voynet, alors ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, remettait, en mai 1999, le grand prix du paysage 1998, dans la Grande Galerie de l'évolution du Muséum national d'histoire naturelle, se bat depuis plus de vingt ans pour développer une conception du jardin qui soit celle de la vie et non d'un décor. Pour lui, on en est arrivé à une conception aberrante des parcs et jardins conduisant, par exemple, à éliminer, sous les arbres, par souci de propreté, les feuilles mortes qui tombent à l'automne, ce qui provoque un appauvrissement de l'humus du sol qu'il faut alors compenser par un apport d'engrais à haute dose. Gilles Clément défend des jardins vivants, en mouvement, c'est-à-dire changeant constamment de forme au gré de l'évolution de la répartition des plantes et de leur croissance, comme c'est le cas du parc André-Citroën à Paris. Sa volonté de laisser s'exprimer la diversité du vivant dans les jardins qu'il crée est illustrée par la promotion qu'il fait de la friche comme laboratoire et lieu de liberté et par le choix, comme mascotte, de la taupe, animal honni de bien des jardiniers et qu'il s'efforce de réhabiliter.

Comme l'a voulu Gilles Clément, l'exposition Le Jardin planétaire est un bréviaire à l'usage du parfait jardinier du xxie siècle pour faire enfin coïncider respect de la nature et esthétique de l'espace vert. L'exposition, dont le sous-titre est « Réconcilier l'homme et la nature », s'articule en trois parties qui abordent les thèmes évoqués dans son roman.

La première, intitulée « Le Jardin des connaissances », présente les mécanismes naturels qui ont conduit à la diversité des espèces au cours de l'évolution. Elle permet de comprendre comment s'est constitué cet immense jardin. À l'aide d'une machine qu'il peut manipuler, le visiteur reconstitue la dérive des continents conduisant à expliquer, à l'aide d'exemples pris dans la flore et la faune du monde, la diversité des formes de vie par l'isolement géographique, ou endémisme. Ainsi, avec le cas du Sophora toromiro, ou bois-de-sang, de l'île de Pâques, peut-on comprendre tout à la fois l'isolement géographique et les pouvoirs de destruction et de restauration de l'homme. Par surexploitation et surpâturage, l'espèce avait disparu de l'île dans les années 1960. Heureusement, Thor Heyerdahl lors de son expédition du Kon-Tiki, en 1956, avait récolté quelques graines. C'est à partir de celles-ci, mises en culture dans divers jardins botaniques, qu'une réintroduction a été possible. Mais pour une espèce ainsi restaurée, combien d'espèces à jamais disparues ?

En parallèle, « La Diversité des visions du monde » est évoquée au travers de l'expérience de différentes civilisations. Chacune d'entre elles a son propre système de pensée et sa manière bien singulière de jardiner. On voit alors combien l'Occident a perdu en séparant artificiellement nature et humanité.

Le thème du brassage des espèces vivantes est ensuite traité. Celui-ci peut être naturel, faisant intervenir le vent, l'eau ou les animaux, ou dû à l'homme, depuis l'expédition envoyée par la reine d'Égypte Hatchepsout (1400 avant notre ère) à la recherche de l'arbre à encens, jusqu'aux voyages de botanistes au long cours rapportant dans leurs bagages graines et plantes qu'ils acclimatèrent çà et là dans le vaste monde.[...]

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