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LE LOUP DES STEPPES, Hermann Hesse Fiche de lecture

Hermann Hesse - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Hermann Hesse

Dans une lettre datée du 3 janvier 1928, Thomas Mann écrit à Hermann Hesse que Le Loup des steppes (Der Steppenwolf), paru à Berlin en 1927, lui a « réappris à lire ». Ce roman, l'un des plus célèbres de l'auteur, écrit au sortir d'une crise de plusieurs années marquée par deux divorces, une dépression, un essai de psychanalyse, fut pour Hesse une tentative de réapprendre à vivre.

L'itinéraire incertain de Harry Haller

Harry Haller, le héros, derrière lequel il n'est pas difficile de voir le double de Hermann Hesse, est « un sans-métier, un sans-famille, un sans-patrie », en rupture avec son milieu bourgeois. Déraciné dans une grande ville, derrière laquelle il est possible de reconnaître Zurich, ayant pris pension dans une mansarde qui lui offre l'espace nécessaire pour lire, écrire, se retrancher, Harry Haller, dont le comportement intrigue ses logeurs, se trouve un soir d'errance en possession d'une brochure intitulée Traité du Loup des steppes dans laquelle il peut distinguer, comme dans un miroir brisé, son portrait. Ce traité présente la vision nietzschéenne de l'homme moderne dont le moi s'est « vaporisé » en une multitude de facettes qu'il est difficile de rassembler. Il serait simpliste de voir dans ce portrait une « double postulation » entre la chair et l'esprit, les aspirations de l'intellect et les nécessités du corps. Les labyrinthes de l'âme, « la dispersion du monde intérieur » (Blanchot), entremêlent inextricablement les fils difficiles à faire coexister de l'humanité et de l'animalité. C'est à cet imbroglio que Harry Haller se voit confronté. Ses résistances tiennent encore aux anciennes valeurs « bourgeoises » dans lesquelles il étouffe mais qu'il ne peut quitter. Il cède toutefois à la tentation sous les traits d'une jeune femme, Hermine, qui lui fait découvrir les plaisirs que peuvent offrir les bas-fonds d'une grande métropole. C'est l'apprentissage de la sensualité, de tout ce qu'il méprisait auparavant : la danse, la musique moderne, les rencontres sans suite. En rencontrant Maria, une « libellule », et son ami Pablo, un musicien de jazz, Haller va jusqu'au bout de ses expériences de dérèglement. « Les jeux de la surface » ne peuvent toutefois constituer une finalité, même s'ils sont un passage obligé vers la résolution des conflits. Après de nombreuses aventures, le livre se termine par une scène, mi-réelle mi-fantastique, au « Théâtre magique », au cours de laquelle Haller poignarde Hermine dans un acte suicidaire qui symbolise les limites de son désarroi.

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Hermann Hesse - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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Autres références

  • HESSE HERMANN (1877-1962)

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    Mais Hesse est encore loin d'avoir surmonté toutes ses crises personnelles, qui atteignent un point culminant avec Le Loup des steppes (1927) ; à bientôt cinquante ans il semble n'avoir résolu aucun de ses problèmes. À nouveau il est le miroir du déchirement de son époque, ainsi qu'il le fut dans...