LE LYS DANS LA VALLÉE, Honoré de Balzac Fiche de lecture
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Le Lys dans la vallée est un roman d’Honoré de Balzac (1799-1850), publié en juin 1836 chez Werdet. Inspiré d’un roman de Charles-Augustin Sainte-Beuve sur le même sujet (Volupté, 1834),le livre, fruit d’une douloureuse gestation de plus de deux ans, connut un certain succès populaire mais ne fut guère apprécié par la critique. Il sera intégré en 1844 aux « Études de mœurs » de La Comédie humaine, d’abord dans les « Scènes de la vie de province », puis dans les « Scènes de la vie de campagne ». Certains des personnages – Félix, Arabelle, Natalie – réapparaîtront cinq ans plus tard dans Une Fille d’Ève.
Une éducation sentimentale
Sans être à proprement parler un roman épistolaire, Le Lys dans la vallée se présente sous la forme d’un échange, très inégal, de deux lettres. À la demande de Natalie de Manerville, qu’il doit épouser, Félix de Vandenesse entreprend de faire le récit de sa vie, « dominée par un fantôme ».
Fils cadet d’une mère d’une grande froideur et qui lui préfère son frère Charles, Félix a passé son enfance et son adolescence en pension, successivement à Tours, Pont-le-Voy et Paris. Revenu à Tours, il vit reclus chez ses parents lorsqu’un événement vient changer le cours de cette sinistre existence. Lors d’un bal donné en l’honneur du duc d’Angoulême, le jeune homme est bouleversé par une femme qui vient s’asseoir à ses côtés. Irrésistiblement attiré par ses épaules nues, il ne peut s’empêcher de les couvrir de baisers, à la stupeur de la belle inconnue.
Revenu au domicile familial, il s’abîme dans le souvenir de ce moment. Sa mère, le croyant malade, l’envoie à la campagne chez un ami, M. de Chessel, dans la vallée de l’Indre, non loin du castel de Clochegourde où vit la femme entrevue au bal, avec son mari, le vieux comte de Mortsauf, et leurs deux enfants, Jacques et Madeleine. Sur la recommandation de M. de Chessel, Félix se fait inviter et ne tarde pas à devenir un familier de Clochegourde, où le comte, amer et despotique, fait régner une atmosphère pesante. Il se rapproche de la comtesse, figure idéalisée qu’il compare à un lys et avec laquelle il partage une affliction commune, lui l’enfant délaissé, elle l’épouse malheureuse. Refusant de céder aux avances du jeune homme, elle l’accepte cependant à la fois comme son troisième enfant et comme un ami dévoué, et consent à ce que lui seul l’appelle Henriette.
Au fil des mois, leur intimité grandit, leurs liens, quoique platoniques, se resserrent : Félix compose à Henriette des bouquets de fleurs à la symbolique érotique, et lui écrit des mots enflammés. Par son entremise, il rencontre le duc et la duchesse de Lenoncourt, vieux aristocrates proches du pouvoir royal. Au cours de l’épisode des Cent-Jours, il accompagne le duc avec la cour en exil à Gand, où il est présenté au roi Louis XVIII, qui lui confie une mission délicate en Vendée. Après la chute de Napoléon, le roi le récompense de ses loyaux services en le nommant maître des requêtes au Conseil d’État, puis l’envoie en congé en Touraine. De retour à Clochegourde, il renoue avec son « lys », tout en lui renouvelant sa promesse de l’aimer « saintement ». Gravement malade, le comte frôle la mort, mais les soins prodigués par Félix et Henriette le sauvent. Félix rentre à Paris.
Là, il fait la connaissance d’une riche aristocrate anglaise, lady Arabelle Dudley, qui, quoique mariée et mère de deux enfants, devient sa maîtresse. Il retourne en sa compagnie à Tours et revoit Mme de Mortsauf. Cette dernière, mise au courant de sa liaison avec Arabelle, a cessé de répondre à ses lettres et le reçoit avec froideur. Déchiré entre les deux femmes, Félix rentre à Paris avec Arabelle, mais, quelque temps plus tard, apprenant qu’Henriette est mourante, il se précipite à son chevet et assiste à son agonie. Celle-ci a[...]
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Autres références
-
BALZAC HONORÉ DE (1799-1850)
- Écrit par Maurice MÉNARD
- 15 002 mots
- 3 médias
...d'Esgrignon à Alençon. Les brouillards, le givre et les nuages des Chouans ne sont pas décoratifs, mais symboliques et fonctionnels. Toute l'histoire du Lys dans la vallée se mire dans les eaux qui baignent le roman, selon l'heure bénéfiques ou maléfiques. L'espace de la Grand-Rue de Nemours n'est pas...