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LE MAÎTRE DE MARIONNETTES, film de Hou Hsiao-hsien

Né en 1947, à Meishien, dans la province de Canton, immigré à Taïwan en 1949, après la guerre civile, Hou Hsiao-hsien étudie le cinéma à la fin des années 1970. La France le découvre en 1984 au festival des 3 Continents, à Nantes, avec Les Garçons de Fengkui (Fengkui laide ren, 1983), son premier grand film autobiographique. Le Maître de marionnettes (Hsimeng rengsheng) poursuit une trilogie sur l'histoire de Taïwan durant les cinquante années d'occupation japonaise, de 1895 à 1945. Celle-ci débute avec La Cité des douleurs (Beiqing chengsheng), lion d'or de Venise en 1989, et se conclut avec Good Men, Good Women (Haonan haonü, 1994) où prédomine le souci de transmettre une image fidèle des traditions perdues. Le film obtiendra à Cannes, en 1993, le prix du jury.

Théâtre filmé

Li Tien-Lu, vénérable et authentique marionnettiste de quatre-vingt-quatre ans, raconte sa vie en voix off à la manière d'un simple conteur, apparaissant parfois devant la caméra. En 1895, les Chinois perdent la guerre face au Japon. Taïwan est alors annexée par ce dernier dont les troupes occuperont l'île pendant cinquante ans, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Né en 1909, Li incarne cette période qui s'ouvre avec la chute de l'Empire mandchou. Sur la base de cette histoire réelle, le film illustre sa vie de marionnettiste et de Chinois assujetti : « Je n'étais qu'une marionnette, ma vie aura été à la fois un rêve et une tragédie. » Entièrement dévoué à son art et imperturbable, il promène son théâtre de villes en villages. Lui-même sujet de manipulations au gré des événements, le vieux maître actionne ses marionnettes. Sérénité d'un maître qui, jouet du destin « a tiré toute sa vie les ficelles ».

Li raconte la difficulté de sa condition d'artiste soumis aux aléas de la censure. Dans le contexte de l'occupation, le théâtre de rue reste interdit. Il fait le récit de son enfance, de sa formation, de ses débuts dans le métier jusqu'aux années de maturité. Mémoire vive du film, il amalgame les périodes intimes de sa vie (maladies, disparitions de ses proches) à celles, chaotiques, de son pays (occupation militaire, humiliations).

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Écrit par

  • : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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