LE MÉPRIS (J.-L. Godard), en bref
Jean-Luc Godard adapte un roman psychologique d'Alberto Moravia, Le Mépris (1954). La presse s'empare de l'événement. Non pas à cause de Moravia, mais parce que « l'enfant terrible de la Nouvelle Vague » tourne avec Brigitte Bardot, star devenue « mythe », à qui Louis Malle vient de consacrer Vie privée un film entre fiction et documentaire. Face à ce mythe de la femme, de la star, un autre mythe du cinéma, celui de l'auteur, incarné par Fritz Lang, l'homme qui a dit non à Hitler et qui doit ici, pour adapter L'Odyssée d'Homère, source de tous les mythes littéraires, se plier à la volonté d'un producteur mythique, puisque hollywoodien, incarné par Jack Palance. Cela devant une mythique mer Méditerranée en partie et face à des dieux grecs de carton-pâte. Au milieu, un écrivain médiocre (Michel Piccoli) et un assistant en retrait qui crie : « Moteur !... Coupez ! », Jean-Luc Godard. Ces mythes contradictoires, Le Mépris ne les unifie pas : il les filme côte à côte, comme les acteurs eux-mêmes. Il organise leur affrontement dans la lumière sans ombre de Capri. Il laisse entendre, enfin, que le cinéma, désormais, ne se rend visible qu'à exprimer une esthétique du désenchantement. Le Mépris est une tragédie pour notre temps.
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
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