LE MOT ET LA CHOSE, Willard van Orman Quine Fiche de lecture
Ce qu'il y a
Si l'enquête de Quine paraît se concentrer sur des questions relatives au langage, elle n'en est pas moins clairement orientée, à travers le problème de la référence, vers une dimension ontologique des problèmes, qui se manifeste dans les interrogations formulées dans les derniers chapitres du livre. Dans le tout dernier, notamment, Quine pose à nouveaux frais la question du nominalisme et du réalisme, et jette les bases d'une ontologie qui, pour obéir à des critères de type pragmatique, n'en est pas moins réaliste dans son principe. Celle-ci se joue dans une forme d'engagement ontologique qui confie notamment à la logique la tâche d'une définition des catégories dans lesquelles se peuvent reconnaître les traits les plus généraux de la réalité. Il est vrai qu'une telle ontologie est relative, en ce sens qu'elle dépend d'une « théorie d'arrière-plan, elle-même munie d'une ontologie préalable et finalement inscrutable ». Elle n'en répond pas moins efficacement à ce que nous pouvons en attendre. Quant au souci du philosophe de savoir « ce qu'il y a », il ne diffère pas fondamentalement de celui des autres théoriciens : aucun ne peut jouir d'un point d'observation privilégié.
Quine est revenu maintes fois sur ces questions dans ses livres ultérieurs. Il en a, pour l'essentiel, maintenu les positions. Au nombre des influences sur lesquelles elles débouchent, deux courants s'y laissent apercevoir, l'un qui, à partir de la traduction radicale, aboutit à l'« interprétation radicale », chez Donald Davidson, pièce maîtresse de sa théorie de la signification. L'autre, moins évident, qui à travers la notion de schème conceptuel, liée à la thèse de la traduction radicale, a nourri le type de relativisme issu des travaux de Thomas Kuhn, et de La Structure des révolutions scientifiques (1962).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Pierre COMETTI : professeur honoraire des Universités
Classification