LE PARIS DE LA MODERNITÉ (1905-1925) (exposition)
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L’exposition Le Paris de la modernité. 1905-1925 s’est tenue du 14 novembre 2023 au 14 avril 2024 au Petit Palais (Paris). Dernier volet d’une trilogie entamée en 2014 par ce musée, elle fait suite à Paris 1900, la ville spectacle (2014) et Paris romantique. 1815-1858 (2019). Ces trois expositions assument le même parti-pris : donner aux visiteurs la sensation de s’immerger dans l’art et la culture parisienne d’une époque, placée sous le signe d’un mythe : la ville lumière, le romantisme, la modernité.
Le propos des commissaires de l’exposition, Annick Lemoine et Juliette Singer, est ici de réunir près de quatre cents œuvres et documents qui symbolisent ce que fut la modernité dans la capitale française, de la Belle Époque aux « années folles ».
Le parcours, d’une grande richesse, se construit autour de lieux emblématiques (Montmartre et Montparnasse, le Théâtre des Champs-Élysées), d’événements (Le Salon d’automne de 1905, les Ballets russes, le premier Salon de l’aéronautique en 1909, l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925), de groupes (les futuristes, les dadaïstes) ou encore de personnalités (Paul Poiret, Jean Cocteau). Il en résulte une promenade généreuse dans une époque connue pour son cosmopolitisme. L’exposition devient un véritable manuel d’histoire de l’art et d’histoire culturelle, que complète habilement son catalogue. Elle permet de retrouver tous les grands artistes attendus – Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Marc Chagall, le Douanier Rousseau, Fernand Léger, Henri Matisse, Robert et Sonia Delaunay –, mais aussi de découvrir quelques figures moins connues (Marevna, Tullio Garbari, Tarsila do Amaral, Madeleine Panizon).
L’esprit créateur
Le Paris de la modernité entend montrer une forme de fulgurance créatrice dont Paris fut le théâtre au début du xxe siècle, à la fois dans le domaine de la peinture, de la sculpture, de la mode, des arts joailliers, de l’architecture et des arts décoratifs, voire de la littérature et du cinéma. Ce projet valide le récit canonique de l’art moderne et met en valeur, dès la première salle, les avant-gardes. Picasso ouvre le bal. Si Les Demoiselles d’Avignon, manifeste du cubisme pieusement conservé au MoMA de New York, n’a pu être exposé, une étude (Buste de femme ou de marin, 1907) suggère sa présence tutélaire au côté d’une statuette baoulé évoquant l’influence de « l’art nègre ». L’intérêt de l’angle parisien est de montrer la diffusion de l’esthétique cubiste auprès des peintres de l’époque exposant dans les Salons, à l’exemple de Roger de La Fresnaye (auteur du puissant Cuirassier de 1910-1911, revisitant le célèbre tableau de Géricault), Henri Le Fauconnier, Jean Metzinger ou Albert Gleizes, et des sculpteurs (Joseph Csaky, Jacques Lipchitz). On notera l’absence d’André Lhote, déjà remarquée dans l’exposition consacrée au cubisme par le Centre Georges-Pompidou en 2018.
Le futurisme est également présenté comme une avant-garde marquante des années 1910. Sont davantage mis en scène les inventions plastiques – la nature décorative de l’œuvre du peintre italien Gino Severini – que la dimension politique de cette avant-garde, car tel n’est pas le propos de l’exposition. Les visiteurs notent d’emblée l’internationalisme des artistes parisiens, venus de l’Europe de l’Est, d’Espagne, d’Italie…
Une place est faite à quelques créations modernistes : un ready-made de Marcel Duchamp (Roue de Bicyclette, 1913, édition de 1984), l’esthétique mécanique du Cheval majeur de Raymond Duchamp-Villon en acier inoxydable (1914, épreuve de 1984) en dialogue avec d’exceptionnels témoins de l’industrie automobile et aéronautique (le spectaculaire aéroplane Deperdussin type B, 1911), les costumes et les mises en scène si avant-gardistes des Ballets russes (dont les costumes du ballet[...]
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Écrit par
- Claire MAINGON : maître de conférences en histoire de l'art contemporain
Classification
Média