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LE PARIS DE LA MODERNITÉ (1905-1925) (exposition)

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Une modernité sans débat apparent

Dans cette exposition, la modernité est présentée comme un fait historique intangible dont Paris serait le cadre entre 1905 et 1925. Ce postulat peut être discuté. Henri Meschonnic et Antoine Compagnon, deux spécialistes du langage et de la littérature, ont ainsi vu dans la modernité un phénomène intellectuel et esthétique non linéaire, pas nécessairement progressiste, paradoxal, loin de toute unité rêvée et de tout syncrétisme. À moins de comprendre le terme dans sa conception poétique baudelairienne – la vie moderne –, il faudrait davantage évoquer « les » modernités que « la » modernité. Le titre de l’exposition du Petit Palais, destinée à un très grand public, n’engage pas a priori de réflexion sur cette question délicate.

Toutefois, les œuvres présentées montrent bien que l’art à Paris de 1905 à 1925 se nourrit de tendances contradictoires : avant-gardistes, mais aussi classiques, antimodernes, et même académiques quand elles valorisent le beau métier et le savoir-faire. Derrière la formule d’appel, le visiteur pourra s’interroger sur la complexité de l’art qui caractérise une période connue pour avoir vu émerger des courants d’avant-garde (le fauvisme, le cubisme, le futurisme, le dadaïsme, le surréalisme), mais aussi une figuration plus classique (le « retour à l’ordre » chez Derain, Picasso, entre autres), tout en étant marquée par l’interruption de la Grande Guerre. Il est d’ailleurs très intéressant que les commissaires de l’exposition n’aient pas renoncé à aborder cet événement traumatique et les images patriotiques ou militaires auxquelles il a donné lieu. On trouve donc au sein du Paris de la modernité des peintres comme Georges Scott ou François Flameng, qui sont modernes par le seul fait d’être des hommes de leur temps. Nous le comprenons, le sens de modernité est associé, dans le propos de l’exposition, à l’idée même du premier xxe siècle.

— Claire MAINGON

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain

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Média

<em>Hommage à Blériot</em>, R. Delaunay - crédits : Ville de Grenoble /Musée de Grenoble –J.L. Lacroix

Hommage à Blériot, R. Delaunay