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LE PETIT PRINCE, Antoine de Saint-Exupéry Fiche de lecture

Environ un an avant la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) au cours d'une mission aérienne, paraît aux États-Unis Le Petit Prince. Proche du conte (départ du héros, voyages éprouvants, découverte d'un secret), l'œuvre s'inscrit dans le prolongement de Terre des hommes (1939). On y retrouve le même univers (le désert), les mêmes personnages (l'aviateur, les renards des sables), la solitude, la faim et la soif. Saint-Exupéry expose au grand jour sa volonté de délivrer un message ; la quête d'une signification présente dès Courrier Sud (1928) ou Vol de nuit (1931) est exacerbée au fil des œuvres par l'affirmation toujours plus vigilante d'une morale humaniste de l'individu. Saint-Exupéry réinvestit son expérience d'aviateur dans ses récits. Mais « l'avion n'est pas un but », il est l'« outil » qui permet de découvrir « le soubassement essentiel, l'assise de rocs, de sable et de sel où la vie quelquefois [...] se hasarde à fleurir » ; il permet à l'homme de connaître ses limites et de mieux cerner ce qui fait sa force. L'aviateur du Petit Prince prolonge ainsi l'illustration, amorcée par le personnage de Bernis dans Courrier Sud, d'un « humanisme par le métier ». Marqué par ses vols entre Toulouse et Dakar, sa vie au cap Juby dans le désert mauritanien, Saint-Exupéry regrette la douceur de son enfance dans la maison de la Môle : il réunit dans Le Petit Prince l'adulte-aviateur et « l'enfant-roi » tombé du ciel. Jusqu'à Citadelle (posthume, 1948), la même leçon d'exigence se répétera : « On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour », on n'a pas le droit de choir, seulement celui de s'élever.

« On ne voit bien qu'avec le cœur »

Abandonnant sa planète étroite perdue dans l'espace et que peuplent une rose et trois volcans, le petit prince visite le monde avec l'espoir de se consoler du chagrin d'amour que lui a causé la rose. Échappant à l'espace et au temps, il connaît la déception des rencontres. Il visite six planètes : trois sont occupées par des êtres vicieux ou obsédés (le vaniteux, l'ivrogne, l'allumeur de réverbères), tandis que dans trois autres siègent un roi, un « businessman » et un géographe, auprès de qui seuls comptent la politique, l'argent et l'esprit. Désespéré, mais décidé à oublier son chagrin, le petit prince vole de planète en planète, grave et solitaire, jusqu'à ce qu'il rejoigne la terre où se trouve la réponse à ce qu'il cherche. Ainsi rencontre-t-il le renard, détenteur de ce secret : « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. » Mais tout se résout en tragédie. Le merveilleux s'effrite, le réel anéantit le jardin de l'enfant où se recomposait l'âge d'or. Pour la première fois, le petit prince évoque le temps écoulé : « Cette nuit, ça fera un an. Mon étoile se trouvera juste au-dessus de l'endroit où je suis tombé l'année dernière. » Puis survient sa mort : « Il tomba doucement, comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable. »

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