LE RÊVE DANS LE PAVILLON ROUGE (HONG LOU MENG), Cao Xueqin Fiche de lecture

C'est aux environs de 1754, sous le règne de l'empereur Qianlong qu'un roman intitulé Mémoires d'un roc, dont la rédaction aurait commencé en 1742, connaît un certain succès. Plus tard, son auteur présumé, Cao Xueqin (env. 1715-env. 1764) le remanie et lui donne d'autres titres (Les Douze Belles de Jinling, Relation du moine d'amour). Le livre est toutefois connu sous le nom des quatorze airs de musique que le héros entend en rêve, ceux du Rêve dans le pavillon rouge. Édité pour la première fois en 1791, il est aujourd'hui unanimement considéré comme un des chefs-d'œuvre de la littérature classique chinoise.

Grandeur et décadence de la famille Jia

L'histoire prend place à Shitou, ville de résidence impériale, dans la maison de la famille Jia. Jia Zheng, descendant du duc Rong, a deux enfants, Yuanchun, future concubine impériale, et un fils, Baoyu, surnommé « Jade précieux », car il est né avec une pierre de jade gravée de signes d'écriture dans la bouche. Méprisé, Baoyu est cependant intelligent, mais voluptueux. Son père, Jia Zheng, le traite durement. Heureusement, vit sous le même toit sa cousine Lin Daiyu, orpheline, qu'il aime profondément. Il n'est pas non plus indifférent à une autre cousine, Xue Baochai, âgée de douze ans, qui habite également dans la maison. Par le pouvoir du jade, Baoyu, pénètre en rêve au pays de « L'Immortelle qui préside aux mirages », où son futur malheur lui est prédit sans qu'il comprenne le sens de cette prophétie : « L'oiseau affamé revient se réfugier au sein de sa forêt et seule demeure l'immense terre blanche. » Sa sœur ayant été choisie comme concubine impériale, la famille de Baoyu connaît une ascension spectaculaire. Pourtant, cette prospérité ne dure pas. La ruine est rapide, les proches de Baoyu disparaissent violemment, par sortilège, suicide ou fin prématurée. Une relative accalmie prévaut avant la fin du roman, mais Baoyu perd le jade merveilleux, et avec lui l'esprit. On le force à épouser Baochai quand il croit épouser Lin Daiyu, qui meurt de chagrin le jour des noces. Prostré, il apprend la mort de sa sœur, la concubine impériale, et le renvoi de son père accusé de prévarication. Aux portes de la mort, il est sauvé par un moine qui lui rapporte le jade précieux. Décidé à restaurer l'honneur familial, il passe avec succès le concours des carrières officielles. Mais il disparaît, laissant Baochai enceinte. Son père, Jia Zheng, l'apercevra brièvement, ascète aux pieds nus vêtu d'une peau d'orang-outang, entraîné par un bonze et un prêtre taoïste.