LE SACRIFICE, film de Andreï Tarkovski
Fils et petit-fils de poètes, Andreï Tarkovski (1932-1986) opte pour le cinéma, après avoir envisagé la musique et la peinture. Il suit le cursus de la grande école de cinéma de Moscou, le V.G.I.K., mais se révèle vite un produit atypique de son enseignement ; son premier film, L'Enfance d'Ivan (Ivanovo dietsvo, 1962), est encore assez traditionnel, mais dès Andreï Roublev (Andréj Rublëv, 1966), il devient un créateur extrêmement original, davantage inspiré par la tradition picturale chrétienne (orthodoxe), la musique sacrée et la poésie que par l'héritage du cinéma soviétique. Les responsables du cinéma officiel critiqueront ce parti pris élitiste et mystique, et il ne pourra réaliser au total que huit films. À partir de 1980, il quitte son pays ; Nostalghia (Nostal'gija, 1983) est tourné en Italie, Le Sacrifice (Offret) – son dernier film – en Suède ; ils restent aussi profondément russes que les autres.
Un saint peut suffire à la rédemption du monde
Le film commence le jour de l'anniversaire d'Alexandre, ancien acteur et auteur dramatique, entouré de sa femme, de sa fille et de son tout jeune fils, avec lequel il vient de planter un arbre mort. Soudain, des bruits d'avion, un violent tremblement, dus peut-être à une explosion atomique. Alexandre fait un vœu secret, pour tenter de sauver le monde. Otto, le facteur, lui donne une solution : Alexandre devra faire l'amour à Maria, une domestique qui est aussi une magicienne. Ce conseil une fois suivi, le monde semble sauvé. Alexandre accomplit alors le reste de son vœu – et son sacrifice – en brûlant sa maison. Des infirmiers l'emmènent à l'hôpital psychiatrique, mais après son départ, l'arbre mort qu'il arrosait avec son fils semble retrouver son feuillage.
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Écrit par
- Jacques AUMONT : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales
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