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LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, J. R. R. Tolkien Fiche de lecture

Le Seigneur des anneaux (The Lord of the Rings, 1954-1955), de l’écrivain britannique J. R. R. Tolkien, est une somme romanesque nourrie de références (William Morris, Beowulf, la littérature arthurienne…) et née de noms ou de termes issus des langues inventées par son auteur.

Aussi célèbre – en ce qu’il résume parfois l’œuvre de Tolkien aux yeux du grand public, aux dépens de ses autres textes – que difficile à cerner pour un lectorat francophone, Le Seigneur des anneaux a longtemps été classé par erreur comme appartenant au genre de la science-fiction, puis à celui de l’heroic fantasy.

Nombre de films, de séries et de jeux vidéo exploitent et développent son « monde », laissant souvent dans l'ombre la richesse de son texte.

L’épopée de l’anneau

L’intrigue du Seigneur des anneaux est simple et reconnaissable, d’autant qu’elle a fondé le genre de la fantasy moderne. À une époque imaginée par l’auteur, pré-historique mais très marquée par la référence au Moyen Âge européen, un groupe de personnages, issus des peuples « libres » (Hobbits, Hommes, Elfes et Nains) et guidés par le magicien Gandalf, entreprend de traverser la Terre du Milieu (une transposition de l’Europe) pour détruire un anneau magique et mortifère. Ces personnages tentent de le rapporter au Mordor, pays où il a été forgé par Sauron, le seigneur des Ténèbres et maître des anneaux, avant que ce dernier, aux desseins belliqueux, ne le retrouve. Faisant alterner épisodes épiques, aventures et phases contemplatives dans un décor stupéfiant – où se déroulaient déjà certaines histoires du Silmarillion, le grand projet inachevé de Tolkien –, le récit de mille pages prend donc la forme d’une quête inversée, d’une odyssée à l’envers où il faut fuir sa terre natale pour la sauver.

Ce romance – roman d’inspiration médiévale – fait le pari de mêler merveilleux, effets de suspense, épisodes comiques et coups de théâtre, ce qui n’empêche pas la recherche de cohérence et de vraisemblance, deux marques distinctives de la fantasy selon Tolkien. Le projet de celui-ci consiste en effet à amener les lecteurs à réfléchir à notre monde, et l’on retient souvent du Seigneur des anneaux les réflexions sur le pouvoir et l’usage de la force (symbolisés par l’anneau magique) ; sur la nécessaire fraternité entre les peuples, par le dépassement des préjugés voire de la xénophobie, seule l’union étant à même de les sauver de la défaite ; sur les dangers de destruction de la nature par la Machine et son exploitation outrancière par l’homme ; pendant qu’à l’arrière-plan la religion de l’auteur (catholique) éclaire une méditation sur la chute et la mortalité de l’être humain.

On comprend pourquoi ce texte à la fois singulier et ancré dans une tradition littéraire européenne a pu être interprété dès sa parution, par le poète W. H. Auden (1907-1973), comme une image de l’existence humaine, tandis que Julien Gracq a loué « la pure ivresse d’inventer », voyant dans ce récit la « réalisation soudaine et achevée d’une possibilité jusque-là complètement insoupçonnée » dans l’histoire de la littérature.

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Écrit par

  • : professeur des universités, Paris 3 Sorbonne nouvelle

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