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LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LES ANNEAUX DE POUVOIR, série télévisée

Dans la tradition de la fantasy

Les Anneaux de pouvoir s’illustre par son attachement au merveilleux, au sacré et à une morale de la consolation, dans la plus pure tradition du genre de la fantasy : malgré toutes les épreuves endurées, le Bien finira par triompher du Mal. Revendiquant son manichéisme, la série multiplie les actes de bravoure, mais aussi de dévotion, de sacrifice, de rédemption, de repentir, voire de contrition, ce qui marque une différence notable avec Game of Thrones. Nettement plus chastes que les luttes de pouvoir imaginées par George R. R. Martin, l’auteur de la saga qui a inspiré cette série, les aventures initialement conçues par Tolkien pour distraire ses jeunes enfants reposent sur la noblesse des sentiments, la sagesse, l’esprit de camaraderie, la solidarité et le don de soi. Les rares baisers montrés dans Les Anneaux de pouvoir y sont généralement filmés en plans d’ensemble, selon la même échelle que pour les multiples harangues et scènes de liesse. Misant volontiers sur un pittoresque de bon aloi, les créateurs de la série magnifient l’entrée des protagonistes dans des cités luxuriantes (telle Númenor, Atlantide majestueuse de la Terre du Milieu). Parfois grandiloquente, la musique orchestrale composée par Bear McCreary insiste sans retenue sur le sentiment d’exaltation censé traverser l’écran et nous envahir.

De son titre à rallonge à son budget initial (qui sera sans doute largement dépassé), en passant par la durée des épisodes (1 h 10 en moyenne pour la première saison), sa riche galerie de personnages ou son abondance de fils narratifs, tout ou presque dans Les Anneaux de pouvoir fleure le grandiose, voire l’exubérant. Loin de se limiter aux instants décisifs, le ralenti comme le deus ex machina y servent de ponctuation. Les objets sacrés s’y révèlent dans toute leur splendeur, force travellings avant et gros plans à l’appui. Bien souvent, des particules flottent dans l’air (qu’il s’agisse de cendres, de braises ou de granules) afin de mimer l’esthétique des livres illustrés de fantasy. Compositions symétriques et jeux avec le hors-champ achèvent d’entremêler l’ostentatoire et le mystérieux, propice aux identités secrètes et aux épiphanies qui nourrissent le récit. Imperturbable demeure cependant Galadriel, dressée dans son armure argentée, fermement résolue à l’emporter sur Sauron et à rétablir la paix. Amours impossibles et séparations déchirantes ne sauraient semer le doute dans son esprit, car cette héroïne au tempérament de guerrière peut toujours s’en remettre à des maximes magnanimes et pleines de bon sens : « Parfois, le chemin périlleux est le seul qui soit. » Celui des Anneaux de pouvoir semble tout tracé.

— Benjamin CAMPION

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Écrit par

  • : docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, enseignant contractuel à l'université Paul-Valéry-Montpellier III

Classification

Média

<em>Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoir</em>, J. D. Payne et Patrick McKay - crédits : Matt Grace/ Prime Video/ Amazon Studios

Le Seigneur des anneaux : Les Anneaux de pouvoir, J. D. Payne et Patrick McKay

Autres références