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LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, J. R. R. Tolkien Fiche de lecture

Le succès progressif d’une œuvre fondatrice

L’originalité de ce long récit suscite des réactions contrastées et il faut attendre dix ans avant qu’il rencontre le succès. Dès 1956 paraît une traduction aux Pays-Bas, la première d’une longue série (plus d'une quarantaine de traductions) ; mais les difficultés liées à la diversité des registres et au jeu avec l’histoire de l’anglais entraînent des contresens : l’auteur prépare alors un Guide des noms destiné aux traducteurs, sans que disparaissent les débats sur les traductions et les retraductions, comme celles de Daniel Lauzon (2014-2016) en français. Une autre « translation » contribue à l’aura du Seigneur des anneaux : la reprise en poche, au milieu des années 1960, par une édition américaine non autorisée entraîne un scandale, puis une réussite éditoriale.

C’est là le début d’une vague de succès : sur les campus américains en 1966, puis dans les milieux des jeux de rôles  (succès relancé par des jeux vidéo dès les années 1980), avant l’explosion de la fantasy, dans la littérature de jeunesse, à la fin du xxe siècle, précédant les adaptations cinématographiques de l’œuvre. Ce consensus recouvre une diversité d’interprétations d’une œuvre que Tolkien laissait chacun « appliquer » à sa propre vie, rejetant l’idée que le roman constituerait une allégorie, avec un message caché. Après les comparaisons avec la Seconde Guerre mondiale, puis sa relecture au moment de la guerre du Vietnam, Le Seigneur des anneaux a été revendiqué par les milieux progressistes et écologistes avant des tentatives de récupération par l’extrême droite, en particulier en Italie.

Longtemps en marge des études universitaires, Le Seigneur des anneaux a fédéré des communautés de lectrices et de lecteurs, depuis l’essor d’Internet : les forums de discussion datant du début des années 2000 coexistent avec les réseaux sociaux, où se poursuivent des débats sur cette œuvre populaire au sens plein du terme, objet d’une parole démocratique.

— Vincent FERRÉ

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Écrit par

  • : professeur des universités, Paris 3 Sorbonne nouvelle

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