LE SPINOZA DE LA RUE DU MARCHÉ (I. B. Singer) Fiche de lecture
Le Spinoza de la rue du Marché d'Isaac Bashevis Singer (1904-1991) est paru, sous son titre original, The Spinoza of Market Street, en 1957. La traduction française en a été effectuée en 1966. Il s'agit d'un recueil de dix nouvelles qui décrivent le monde familier du shtetl, de la communauté juive de Pologne, à la fois des villages et des quartiers des grandes villes.
Un hommage à la culture judéo-polonaise
Le Spinoza de la rue du Marché, titre éponyme du recueil, renvoie également à la première nouvelle, qui relate la vie d'ermite du docteur Nahum Fischelson, consacrée à l'exégèse de l'œuvre de Spinoza. La rencontre d'une voisine, aussi âgée que lui, lui permet, tardivement, de former un couple et de faire découvrir le plaisir à sa partenaire. « Le Mariage noir », deuxième nouvelle, relate le mariage mouvementé de la jeune Hindele avec un rabbin qui se révèle être un démon, envoyé auprès d'elle pour la mystifier. « L'Ombre d'un berceau » évoque les amours difficiles d'un vieux garçon, le docteur Yaretzky, incapable de se résoudre au mariage, et qui sème le malheur en prenant la fuite avant ses noces. « La Destruction de Kreshev » fait appel à la mystique juive : Satan vient berner les habitants de Kreshev en se faisant passer pour un saint homme, afin d'entraîner une femme dans le péché, puis en laissant la communauté s'affronter. « Gimpel l'imbécile » est de loin la nouvelle la plus fameuse du recueil. Gimpel est un simple, dont tous abusent au long de sa vie de misère. Moqué par ses compatriotes, trompé par sa femme, il meurt dans la déchéance et la solitude. « Le Tueur de femmes » met en scène Pelte et ses quatre épouses successives qu'il expédie dans l'autre monde. « À la lueur des chandelles commémoratives » est le triste récit de la vie douloureuse d'un fossoyeur, condamné à vivre séparé du reste de l'humanité en raison de la répulsion qu'il suscite, et confronté en permanence à la finitude humaine dans ses aspects les plus intolérables. « Le Miroir » dénonce la coquetterie des femmes, dont Satan sait user pour leur faire perdre leur âme. « Joie » conte les derniers mois de la vie du rabbin Barnish, qui a perdu nombre de ses enfants, et la vision ultime qu'il a de ses proches l'accueillant à bras ouverts, au moment de son agonie. La dernière nouvelle, « Celui qui voit sans être vu », fait intervenir une fois de plus le Malin, qui utilise les appétits charnels des hommes pour mieux les perdre.
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Écrit par
- Jean-François PÉPIN : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur au lycée Jean-Monnet, Franconville
Classification
Média