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LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGTS JOURS (J. Verne) Fiche de lecture

Un hymne au progrès

Nul doute que l’astucieuse pirouette finale a contribué au succès du livre, de même que les caractères des personnages et la multiplication des rebondissements. On ne saurait toutefois réduire le roman à ces considérations de forme. Comme en témoigne l’efficacité de son titre, Le Tour du monde en quatre-vingts jours est d’abord une illustration du bouclage du monde à l’œuvre dans la seconde moitié du xixe siècle. De fait, le roman n’est qu’en apparence un récit de voyage. Comme l’écrit Jules Verne à propos de son héros, « il ne voyageait pas. Il décrivait une circonférence ». Confiant dans les capacités des chemins de fer, des navires à vapeur et des canaux, Verne transpose dans une élégante forme romanesque une obsession des élites occidentales de son époque. Dès 1869, de nombreux journaux ont déjà disserté sur la possibilité nouvelle d’un tour du monde en quatre-vingts jours. La Terre n’est plus l’immensité inquiétante d’autrefois. Sous l’effet de la technique, elle semble désormais à la mesure de l’individu. Avec ce corollaire : à l’image du Britannique Fogg séduisant l’Indienne Aouda, l’unification de l’humanité par de nouveaux modes de locomotion est aussi le moyen d’une domination occidentale sur le monde.

— Sylvain VENAYRE

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Écrit par

  • : professeur d'histoire contemporaine à l'université Grenoble Alpes

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Média

<em>Le Tour du monde en quatre-vingts jours</em>, J. Verne - crédits : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-3056/ Gallica.bnf.fr

Le Tour du monde en quatre-vingts jours, J. Verne