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LEAGUE OF THE HO-DE-NO-SAU-NEE, OR IROQUOIS, Lewis Henry Morgan Fiche de lecture

Indiens d'Amérique du Nord d'après G. Catlin - crédits : AKG-images

Indiens d'Amérique du Nord d'après G. Catlin

Paru en 1851 à Rochester (État de New York), le livre League of the Ho-de-no-sau-nee, or Iroquois est considéré comme le premier ouvrage scientifique en anthropologie. Il pose les jalons de démarches devenues classiques dans la discipline, en particulier l'analyse des systèmes de parenté et des organisations politiques. Son auteur, Lewis Henry Morgan (1818-1881), est reconnu comme le fondateur de l'anthropologie sociale, même si sa conception évolutionniste des sociétés a été abandonnée au siècle suivant. Juriste de formation, Morgan s'orienta très tôt vers l'étude des institutions sociales et des « lois naturelles ». Après ses recherches sur les Iroquois, il étendit son champ d'investigation à d'autres sociétés dites primitives. Avocat de métier, il s'impliqua aussi en politique, et fut élu député puis sénateur. La Ligue des Iroquois, qui n'a jamais été traduite en français, fait encore autorité par sa précision ethnographique.

La modernité de l'approche

En 1847, Morgan avait fait paraître dans The American Whig Review quatorze « Letters of the Iroquois », qui préfiguraient l'ouvrage. Dans la Préface de celui-ci, il explique son but : encourager un meilleur sentiment envers l'Indien, fondé sur une réelle connaissance de ses institutions publiques et familiales, et démontrer, contre les préjugés, ses aptitudes à une « élévation » future au rang de citoyen de la nation américaine.

L'ouvrage est divisé en trois parties : la structure de la ligue, l'esprit de la ligue, et ses aspects secondaires. Dans la première, Morgan présente l'histoire et le territoire de la ligue, créée vers 1570 par la fédération de cinq tribus – Seneca, Mohawk, Cayuga, Oneida et Onondaga –, rejointe en 1722 par celle des Tuscarora. Puis il décrit leur système politique, fondé sur l'hérédité et la matrilinéarité, les fonctions des chefs, la tenue des conseils, les relations de parenté entre les six tribus. Dans la deuxième, il se penche sur les croyances religieuses et les valeurs sociales, le calendrier rituel, les danses et les jeux, ainsi que sur le droit (familial, foncier) et sur le règlement des conflits. La dernière partie de son ouvrage est consacrée à la culture matérielle, à la langue vernaculaire, à la géographie. Elle s'achève par une réflexion sur l'avenir des Iroquois, confrontés au « drame de la colonisation européenne ». Au long des chapitres, Morgan révèle à l'égard des Amérindiens une attitude de sympathie insolite pour l'époque. Il parle de la sagacité, de la sagesse et du courage des Iroquois. Il admire le gouvernement de la Hodenosaunee, source d'ordre car fondé sur une parfaite égalité entre tribus, entre gouvernants comme entre gouvernés. Il cherche à comprendre l'origine des institutions iroquoises en les comparant avec celles de la Grèce et de la Rome antiques. Cette monographie détaillée, tirée de l'observation et non de spéculations, reste un ouvrage de référence.

On décèle dans la League les prémices de ce dont Morgan a été le fondateur. Tout d'abord, il est un pionnier de la description exhaustive d'un ensemble culturel. Ensuite, les règles de l'organisation sociale iroquoise qu'il dégage le conduisent à étendre ses recherches à d'autres systèmes de parenté, ouvrant la voie à un champ d'étude devenu majeur en anthropologie. Enfin, il commence à exposer sa théorie évolutionniste selon laquelle les configurations sociales représentent les stades d'une histoire universelle de l'humanité.

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